L'offense ---- Ricardo Menéndez Salmón

28 avril 2010

Kurt Crüwell a une vie toute tracée : il doit reprendre la boutique de tailleur de son père quand celui-ci ne pourra plus s'en occuper et la vie provinciale convient parfaitement au jeune homme, qui est d'un naturel calme. Mais la seconde guerre mondiale est déclarée et Kurt, appelé sous les drapeaux, doit rejoindre son unité. Il devient chauffeur de son chef, le Hauptmann Löwitsch et assiste, impuissant, au massacre de la population d'un petit village breton. L'horreur de la chose lui fait perdre toute sensibilité et déconnecte son corps de la réalité …

On a beaucoup parlé de ce court roman lors de la dernière rencontre au club lecture de la biblio et j'étais très intriguée et très attirée par l'histoire et son basculement avec la perte de sensibilité du personnage principal, qui allait transformer sa vie et qui va influer sur son avenir. Hélas, dès le départ, j'ai trouvé le ton très détaché, avec parfois la sensation de lire un livre d'histoire quand l'auteur décrit les débuts de la guerre. Cela m'a irrésistiblement fait penser à un "meublage", histoire de rajouter quelques pages à un roman assez peu épais. Et puis, avec ce ton détaché, clinique, il me fut très difficile, voire impossible, de m'attacher au jeune Kurt et de ressentir sa détresse (même s'il est facile de faire le parallèle entre ce qu'il vit et certains évènements ayant vraiment eu lieu pendant la guerre) et du coup, je n'ai pas vraiment adhéré à sa perte de sensibilité (et d'ailleurs, celle-ci est présentée de façon assez floue … on ne sait pas trop ce qu'il a perdu : sensibilité morale ? physique ? les deux ? il me semble que cela fluctue plus ou moins au fil des pages !). Je me suis donc traînée plus ou moins péniblement page après page en espérant une fin plus satisfaisante que les réflexions philosophiques émaillant le récit (réflexions maintes fois abordées dans d'autres livres et d'une façon qui me convenait mieux et qui me touchait plus qu'ici) et là encore, ce fut une grosse déception ! Probablement que l'auteur voulait faire une métaphore de cette fin mais je l'ai trouvée peu convaincante et dans l'ensemble peu compréhensible. Mais je pense que ce manque de compréhension de ma part est la continuité logique de mon ressenti du livre : ce qui pouvait arriver à Kurt m'indifférait complètement, au point de ne pas avoir envie de faire l'effort requis pour comprendre sa destinée finale !

L'avis de Loulou.

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