En un monde parfait ---- Laura Kasischke
Jiselle travaille comme hôtesse de l'air et est plutôt effacée. La trentaine et toujours célibataire, elle regarde passer sa vie comme détachée du quotidien. Mais quand le séduisant pilote Mark Dorn, veuf et père de deux adolescentes et d'un jeune garçon, la demande en mariage, elle a l'espoir de voir son monde devenir parfait. Mais la grippe de Phoenix frappe durement les Etats-Unis, rendant les déplacements de plus en plus hasardeux et la vie quotidienne de plus en plus difficile car le pays, en proie à l'épidémie, devient de plus en plus isolé du reste du monde, ressemblant à un pays en guerre, avec ses violences et ses pénuries …
J'avance petit à petit dans l'oeuvre de cette auteure que j'adore mais je ne veux pas trop me presser car ensuite, je vais devoir attendre ses prochaines parutions ! Cette fois, j'ai trouvé ce roman un peu moins incisif, même s'il met en lumière notre façon de vivre et comment celle-ci pourrait s'en trouver modifiée à cause d'un virus. J'ai trouvé le ton plus triste, plus mélancolique mais le sujet s'y prête bien. Jiselle n'était pas vraiment heureuse dans sa vie avant épidémie, elle a un bref moment passager d'impression de bonheur (un peu angoissé néanmoins) pendant quelques mois et ensuite, elle voit son monde s'effondrer petit à petit. Mais étrangement, elle semble trouver une sorte d'équilibre, malgré toutes les épreuves mais on sent que la peur, l'inquiétude continuent à être présentes tout au long des pages. C'est assez représentatif d'un certain mal-être que l'on peut trouver dans toutes les strates de la société, même si, à l'habitude de Laura Kasischke, c'est la middle-class assez aisée qui est décrite ici. Le rythme est assez lent mais prenant car on voit les choses se déliter petit à petit et cela donne une atmosphère assez envoutante. D'ailleurs, si Jiselle m'indifférait plutôt au départ, je l'ai trouvée de plus en plus attachante. Par contre, je reproche une certaine facilité de la part de l'auteure concernant Jiselle et son entourage mais je ne peux en dire plus sans révéler d'importantes choses sur le déroulement de l'histoire mais c'est une chose qui m'a un peu déçue (disons que j'avais trouvé l'auteure plus dure envers ses personnages dans ses autres romans). Sinon, cette lecture m'a parfois fait penser à l'excellent roman de Nevil Shute « Le testament » qui parle aussi d'un monde en train de disparaître. J'y ai retrouvé la même lenteur, la même nostalgie, la même atmosphère d'impuissance mais avec beaucoup de sentiments et de réflexion sur notre devenir. Voilà encore un titre de Kasischke que je ne peux que recommander !