Je ne suis pas un homme tomes 1 et 2 ---- Usamaru Furuya
Usamaru Furuya, mangaka, est en manque d'inspiration et décide de surfer un peu sur Internet pour essayer de trouver une idée de départ. Il tombe alors sur le site du journal de Yôzô Ôba, un jeune homme, qui l'intrigue. Le site a pour titre « Je ne suis pas un homme » et trois photos de son auteur le montrent à différents âges de sa vie. A 6 ans, posant avec sa famille plutôt aisée, il a un sourire forcé et une tête à claques, à 17 ans, il est beau comme un dieu et semble très à l'aise et à 25 ans, il a l'air d'un vieillard désabusé. Furuya commence donc la lecture de ce journal qui montre la descente aux enfers et la déchéance d'un être qui se sent différent de la majorité des autres être humains …
Cela faisait un moment que j'avais repéré ce manga en 2 tomes, adapté d'un roman japonais très connu dans ce pays alors aussitôt vu à la bibliothèque, aussitôt emprunté ! Les dessins noir et blanc sont souvent typiques du manga mais certain sont plus estompés, plus flous en fonction des moments de l'histoire et ces changements sont plutôt bienvenus et servent bien à faire passer certains sentiments du personnage principal (en plus de rendre les moments un peu osés plus softs grâce à ce flou). Yôsô Ôba, dont on découvre la vie, est un jeune homme étrange qui ne semble pas éprouver de sentiments et qui ne sent pas en phase avec ses amis d'école ou sa famille. Il sait faire semblant mais en a parfois marre de porter en permanence un masque pour dissimuler son vrai moi. Il finit donc par avoir un comportement destructeur sur sa vie, tombant de plus en plus bas dans la déchéance, isolé de presque tout son entourage mais malgré tout cela, j'ai trouvé qu'il était quand même facile de s'attacher à lui et de comprendre un peu ce qu'il vit, de ressentir compassion et intérêt pour ce qu'il vit, malgré tout le mal qu'il peut faire autour de lui car je n'ai jamais senti qu'il le faisait vraiment pour le plaisir, c'est juste qu'il ne sait pas faire autrement. Son personnage est donc plutôt complexe et intéressant à découvrir et à voir évoluer et j'attends impatiemment de lire le second et dernier tome !
Les avis de Mango et Catherine.
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Edit du billet du 30 décembre 2011
Yôzô Ôba a 19 ans et est toujours hébergée par Shizuko. Entretenu partiellement par la jeune femme, ce qu'il gagne grâce aux ventes de ses dessins lui sert à payer des cigarettes et ses boissons au bar du coin qu'il fréquente assidument. Il sent qu'il lui faudra bientôt payer pour avoir abusé de la confiance de Shizuko et de sa petite fille et il décide alors de les quitter, trouvant un abri dans la cuisine de son bar favori. A force de fréquenter les clients, Yôzô finit par penser que la condition humaine n'est pas si horrible et quand il tombe amoureux de la jeune fille qui tient le magasin où il achète ses cigarettes, le jeune homme pense qu'il peut peut-être être heureux …
Il était temps de lire cette suite car je commençais un peu à oublier l'histoire et ses personnages, même si celle-ci a quand même tendance à être marquante à cause de son sujet ! Après une période d'adaptation sur quelques pages (car le tome 2 reprend vraiment à la suite du premier), j'ai eu vite fait de me replonger dans l'histoire de Yôzô. Le jeune homme est toujours aussi perdu dans sa vie, ne sachant pas aimer celle qui l'héberge mais sentant qu'il ne devrait pourtant pas abuser de sa confiance. Comme quoi, malgré des difficultés dans la perception des sentiments, le jeune homme est capable de voir ce qui est bien et mal, ce qui sert à le rendre plus humain. Et quand il tombe amoureux, il y a une modification complète de l'histoire, avec plus d'optimisme, plus de joie, même si la noirceur reste toujours en fond. Et comme on sait dès le départ (dans le tome 1) que cela s'est mal passé pour Yôzô, j'ai trouvé qu'on attendait un peu avec angoisse l'évènement qui va tout faire basculer à nouveau ! Quand celui-ci a lieu, la descente aux enfers reprend et si je m'étais assez attachée à Yôzô, je l'ai par contre trouvé détestable dans son attitude et ses réactions. Difficile alors d'avoir pitié de lui mais il reste toujours un personnage complexe. Le graphisme est toujours dans la même lignée (vu que cette histoire aurait pu être publiée en un seul tome plus épais … je pense que cela a juste été divisé en 2 volumes pour des raisons « pratiques »), parfois sombre et torturé pour illustrer l'état mental de Yôzô. J'ai trouvé que c'était une lecture violente, sans espoir, sans concession mais qui souvent soulève des questions sur la société et sur le comportement des êtres humains et qui met en lumière la fragilité de nos destins.