Le rire du grand blessé ---- Cécile Coulon

Dans un pays au régime totalitaire, les livres, au contenu bien précis et formaté, sont considérés comme une façon de contrôler la population urbaine. Toutes les semaines, des grandes manifestations de lecture publique sont organisées, provoquant des débordements émotionnels de toutes sortes parmi l'audience. Pour contrôler les gens, des Gardes, analphabètes provenant de la campagne et surentrainés, surveillent le public. Parmi eux se trouve 1075, un des meilleurs éléments de ces dernières années. Mais lors d'une Manifestation, 1075 est blessé et son séjour à l'hôpital va lui ouvrir de nouveaux horizons …

Je ne sais pas pourquoi, le titre m'évoquait une toute autre histoire et j'ai donc été très étonnée de découvrir cette histoire, cette dystopie que j'apparenterais facilement à une fable ou à un conte servant à dénoncer de nombreuses choses. Tout d'abord, la chose la plus frappante est le pouvoir qu'ont les mots dans ce monde effrayant. Les lectures publiques ressemblent presque à des messes, avec des gens en transe et dont la moindre émotion ressort soudainement. C'est là que j'ai eu un peu de mal à adhérer au concept mais comme c'est un monde où la vie normale qu'on connait n'a plus lieu d'être, cela paraît quand même normal de découvrir ces extrêmes. Et puis, ne retrouve-t-on pas ce genre d'attitude lors de certains évènements sportifs actuels par exemple ? 1075 apparaît comme un être froid, mécanique, dur à la tâche, son enfance difficile à la ferme le poussant à essayer de sortir de sa condition. Mais sa blessure et son séjour à l'hôpital vont modifier la donne. Je trouve qu'on ne voit plus 1075 de la même façon mais ce changement reste néanmoins assez subtil. L'histoire dénonce aussi le manque d'intérêt des livres trop formatés et donc trop prévisibles. Ceux-ci sont écrits presque à la demande, n'amenant pas d'émotions réelles et combien de fois ne m'est-il pas arriver de pester contre des titres que l'on sent sans contexte comme purement commerciaux, d'une banalité affligeante et sans portée émotionnelle ? Quant au monde décrit dans l'histoire, comme tous les mondes totalitaires, il est effrayant et on peut voir encore une fois que certaines choses, conçues à l'origine pour améliorer le bien-être de tous, peuvent être détournées de leur but initial par des gens avides de pouvoir et de contrôle. Lors de cette lecture, j'ai bien sûr pensé au livre de Ray Bradbury « Fahrenheit 451 », dont le thème est similaire. Peut-être que l'auteure a voulu rendre hommage à ce grand classique ! En tout cas, j'ai très vite lu ce court roman et j'espère qu'il permettra aux lecteurs de regarder leurs livres avec encore plus d'amour que d'habitude !

Comments

[Alex mot a mots]

Tentée également ! Malgré le nom du héros....

[Lisbei13]

Tu me tentes, avec cette critique !

bonne journée !