Le contrat (aussi publié sous les titres : Un bail avec Dieu et Un pacte avec Dieu) ---- Will Eisner

Dans les années 1930, New York accueillait beaucoup d'immigrants venus d'Europe. Au 55 Dropsie Avenue, dans le Bronx, s'élève un immeuble à l'ambiance typique : bruyant, animé, où tout le monde se connaissait et où la vie quotidienne se déroulait avec ses petits bonheurs et ses grands malheurs. Parmi ses occupants, il y a Frimme Hersh, juif d'origine russe, qui vient d'enterrer sa fille unique et qui considère que Dieu n'a pas honoré le contrat que Frimme avait signé avec lui dans sa jeunesse, alors que le vieil homme s'était pourtant efforcé de ne faire que le bien autour de lui Il y a aussi la diva Marta Maria, dont la carrière a tourné court à cause d'un mauvais mariage mais qui espère la relancer en parrainant un chanteur des rues venu pousser la chansonnette sous ses fenêtres. Il y a le concierge de l'immeuble, d'origine allemande, que les locataires n'aiment pas et à qui il fait peur avec son gros chien qui l'accompagne toujours mais jusqu'au jour où une fillette va venir le voir. Enfin, il y a plusieurs familles qui attendent impatiemment les beaux jours pour aller passer quelques jours de vacances dans les Catskills Mountains pour essayer de se détendre et pour certains de trouver un beau parti à épouser …

Will Eisner est mon auteur favori de bandes dessinées et est considéré comme beaucoup comme le père de cet art auquel il a insufflé nouveauté, dynamisme et sérieux en abordant des techniques variées et des histoires d'adultes. Je ne crois pas avoir déjà fait de billet sur un de ses albums car je les ai lus bien avant d'avoir ce blog et à l'époque, je ne gardais aucune trace de mes lectures. Mais comme il fallait que je présente un album pour la rencontre du club BD de la médiathèque, j'ai opté pour celui-ci, premier titre de Will Eisner sans son héros récurrent le Spirit (histoires qui étaient publiées dans les journaux). C'est donc avec plaisir que j'ai relu cet album comportant quatre histoires liées par un lieu commun à toutes : l'immeuble du 55 Dropsie Avenue. Je suis toujours admirative devant le graphisme de l'auteur, ce noir et blanc si bien exploité pour les décors qui nous plongent dans l'ambiance de l'époque et les visages et les attitudes expressifs de ses personnages. Quant aux histoires, elles sont inspirées de ce que l'auteur a pu voir autour de lui, voire de certaines expériences personnelles (il a lui-même perdu une fille jeune). Les personnages sont attachants, profondément humains, parfois hauts en couleur, décrits sans concession (certaines fois, c'est même cru et cynique) et la chute de chaque histoire est ironique, parfois cruelle, parfois inattendue, quelquefois amère. Je trouve qu'en plus des nombreuses évolutions que l'oeuvre de Will Eisner a pu apporter au neuvième art, c'est aussi un témoignage d'une époque révolue, un hommage terriblement humain qui ne peut qu'interpeler et faire réagir les lecteurs. Vous vous en doutez : je ne peux que conseiller et pousser tout le monde à cette lecture !

Les avis de Mo et Mango.