Les faibles et les forts ---- Judith Perrignon

En août 2010, alors que la canicule fait rage dans une petite ville au nord de la Louisiane, Mary Lee, qui vit à Detroit, est venue passer quelques jours chez sa fille Dana pour la voir et voir ses petits-enfants : Marcus, Wes, Deborah, Jonah et Vickie. La police vient de faire une descente dans la maison familiale, à la recherche de drogue mais rien n'est trouvé. Cela n'empêche pas les flics de menacer Marcus car pour eux, tous les jeunes hommes noirs sont forcément des dealers. Alors que chacun pense à sa vie quotidienne, aux amours naissantes, aux difficultés de trouver sa place, Mary Lee se remémore l'histoire familiale : la fuite vers Saint-Louis, les émeutes qui ont eu lieu à la fin des années 1940 quand il a été révélé que les Noirs pouvaient légalement avoir accès à n'importe quelle piscine publique pour se baigner …

Ce livre se situe à mi-chemin entre le document et le roman car l'auteure reprend des faits réels et les retravaille partiellement pour en faire une histoire avec des personnages sortis de son imagination (mais ayant donc une base réelle dans ce qu'il leur est arrivé). C'est le sujet, qui arrive vers la moitié du roman, qui m'a intéressée car il aborde un événement méconnu concernant la lutte pour les droits des Noirs Américains : l'accès aux piscines publiques situées dans la partie soi-disant la moins raciste du pays (c'est-à-dire le Nord … celui qui avait lutté pour l'abolition de l'esclavage). On découvre que, à la fin des années 1940, la ségrégation est finalement partout aux Etats-Unis, avec un développement particulièrement important dans le Sud, avec en plus, les exactions du Ku Klux Klan. C'est probablement la partie du livre qui m'a le plus passionnée. Le reste raconte la vie et les pensées d'une famille noire vivant de nos jours et on y retrouve les préjugés que la société peut avoir aux sujets des jeunes hommes noirs, le racisme toujours omniprésent mais aussi la façon dont certains vivent de petits délits alors que d'autres essaient malgré les tentations de rester dans le droit chemin. Dans cette première partie, l'auteure donne la parole à chacun des membres, nous faisant entrer dans leurs soucis, leurs préoccupations, celles-ci étant bien différentes en fonction de l'âge et du sexe du narrateur. Cela les rend attachants et quand le drame survient à la fin, c'est d'autant plus difficile de l'accepter, même si j'ai trouvé qu'il perdait un peu de sa puissance avec la coupure dans la découverte de cette famille sous la forme du flash-back qui raconte l'enfance de la grand-mère mais qui permet d'expliquer certaines des conditions réunies pour le drame. C'est donc une lecture intéressante de par son sujet mais j'ai quand eu un bémol : celui-ci concerne le style d'écriture très haché, à la limite télégraphique, de la première partie, qui aurait pu me faire abandonner le livre s'il avait été plus épais ou si le thème ne m'avait pas autant attirée.

Les avis de Sylire, Clara, Gambadou, Jérôme, ICB, Aproposdelivres, Yv.

Comments

[In Cold Blog]

Comme Clara, rien ne m'a gêné dans ce roman. Je n'ai même pas le souvenir d'un rythme haché dans la première partie, c'est dire ! ;)

[Alex mot a mots]

Tu as bien fait de t'accrocher.

[clara]

Aucun bémol pour moi, un livre uppercut !