Catalyse ---- Pierre-Henry Gomont

Lionel Gutton travaille depuis trois ans pour le cabinet d'audit Constant & Sons. Il vit à Paris où il partage un appartement avec une colocataire, Céline, dont il est secrètement amoureux mais qui part à l'étranger pour son travail. Au même moment, Lionel est envoyé en province pour contrôler les comptes de la société CRCI, sur la demande du patron M. Lebris, car il vient de licencier la comptable. Lionel n'est pas très acharné au boulot, préférant passer le plus clair de son temps à rêver de Céline et ignorant les factures qui pourraient des problèmes dans les comptes de fin d'année de la CRCI. Mais la lenteur d'avancement du travail de Lionel inquiète aussi bien Constant & Sons que M. Lebris et un nouvel auditeur comptable est affecté à la tâche. Il s'agit de Simon, travailleur consciencieux et méticuleux au passé mystérieux …

Je ne lis pas souvent d'albums se déroulant dans le monde du travail alors que le sujet est très intéressant et varié. Et puis, dans le cas de ce titre, c'est vraiment ancré dans l'actualité car les audits sont très à la mode depuis plusieurs années et j'étais intriguée par l'histoire qui pouvait découler d'un sujet aussi austère. L'auteur fait de cette histoire une prise de conscience, comme le titre l'indique, un changement qui va survenir dans les dernières pages de façon assez surprenante et ironique mais que j'ai trouvé relativement crédible. On découvre la vie de Lionel, qui tourne principalement autour de son travail, de ses rêveries et des quelques rencontres qu'il a avec son frère qui s'occupe de la ferme familiale. C'est un peu triste, très banal, sans surprise car Lionel est plutôt du genre effacé et à ne pas faire de vagues et ne pas se faire remarquer et il aime sa tranquillité. Cela se ressent bien dans son travail où la passion et l'intérêt sont complètement absents. J'ai donc trouvé difficile de m'attacher à Lionel alors que Simon, avec son côté acharné dans son travail, prêt à aller au fond des choses, passionné dans ses buts (parfois inavoués) est beaucoup plus intéressant et haut en couleurs. C'est justement sur le contraste que joue l'auteur pour le grand final. Après une première moitié où il ne se passe pas grand chose, le rythme va un peu s'accélérer jusqu'au dernières pages où là, l'artillerie lourde est de sortie (à ma plus grande joie). Le dessins sont actuels, avec des personnages facilement reconnaissables, des couleurs souvent sombres pour planter le décor et l'ambiance morose. C'est peut-être un album qui passera relativement inaperçu mais je trouve qu'il y a quelque intérêt à le lire, pour voir la vision ironique et noire que l'auteur a du monde de l'entreprise.

Comments

[liliba]

La vision ironique et noire de l'entreprise : ça me parle !