Le dernier gardien d'Ellis Island ---- Gaëlle Josse
Début novembre 1954. Le centre d'immigration d'Ellis Island va bientôt fermer définitivement ses portes. Les lieux sont déserts et seul le directeur, John Mitchell, proche de la retraite, est présent pour finir de ranger les dossiers qui restent. Mais ces lieux chargés de nombreuses histoires et d'émotions lui remémorent son passé et il décide de profiter de cette semaine de solitude pour écrire ses mémoires concernant cette île si particulière et la vie qu'il a mené là. Il se rappelle de sa chère femme Liz mais aussi de Nella, une jeune immigrante provenant de Sardaigne et dont le simple souvenir ravive une grande culpabilité …
C'est un roman qui a été beaucoup commenté sur les blogs et dans les clubs lecture que je fréquente et puis, avec un titre pareil, mon attention ne pouvait qu'être attirée ! Tout d'abord, parce que j'ai visité ce fameux centre et puis, j'ai toujours voulu arriver pour la première fois aux Etats-Unis par bateau comme l'ont fait des milliers d'immigrants et voir (avec bien sûr quelques modifications dues au progrès et aux années passées) ce qu'ils ont vu de ce pays dans lequel ils mettaient tous leurs espoirs. Et j'avoue que c'est un moment magique que d'arriver par bateau à New York … tous les passagers du paquebot (et presque tout l'équipage) se retrouvent de très bonne heure (le jour n'est même pas encore levé) sur le pont et malgré le monde, le silence se fait quand on voit enfin la Statue de la Liberté soulignée par les lueurs du soleil qui apparaît. C'est tout à la fois impressionnant et émouvant car on se rappelle ce que cette vision signifiait pour beaucoup d'arrivants. Bon, mais je suis surtout là pour vous parler du livre de Gaëlle Josse, que je découvre avec ce titre. Le narrateur, le dernier directeur du centre, rédige son journal et se rappelle sa vie dans ce lieu, ce qui permet de s'attacher facilement au personnage. Il paraît un peu froid, souvent maladroit dès qu'il s'agit de sentiments, mais on sent qu'il a un grand coeur. Il raconte son travail au centre, son mariage avec Liz, trop tôt partie, et sa relation avec la jeune Sarde Nella, qui le hantera toute sa vie. Par petites touches, on découvre ses actions, ses choix, ses faiblesses, sa culpabilité, ses regrets. L'écriture est belle, fluide, l'auteure sait évoquer les vies de tous ces gens qui sont passés par le centre, jouant sur les émotions et sur les difficultés de tout immigrant à quitter son pays et à arriver dans un endroit dont il ne connaît rien ou si peu. J'ai trouvé le roman très beau mais aussi très nostalgique, avec une fin qui pourrait peut-être laisser certains lecteurs un peu frustrés mais qui m'est apparue logique (vu que je l'avais devinée avant qu'elle survienne). Le seule reproche que je pourrais faire à ce livre, c'est qu'il est trop court et que j'aurais aimé découvrir encore plus sur les gens passant par Ellis Island et sur ceux qui y travaillaient !
Les avis de Sylire, Valérie, Clara, Sandrine, Canel, Géraldine, Cryssilda, Aifelle, Yv, et j'en oublie !