Canicule --- Vautrin par Baru

Alors que le soleil tape dur sur des champs à perte de vue, un jeune garçon caché dans les blés est témoin d'une scène étrange : un homme en costard et parlant anglais enterre quelque chose non loin d'un pylône électrique. Peu de temps après, un hélicoptère des forces de l'ordre survole la zone, poussant l'homme à chercher une planque dans une exploitation agricole voisine mais la famille de fermiers habitant là va se révéler plus coriace que prévue …

Malgré ses nombreuses oeuvres, je crois bien que c'est la première fois que je lis un album de Baru (et par la même occasion une histoire inspirée d'un roman de Vautrin, qui a d'ailleurs été aussi adapté en film … que je n'ai pas vu non plus !). Bon, je dois dire que je ne suis pas très enthousiaste côté dessins et c'est peut-être pour ça que je ne m'étais jamais précipitée sur un de ses albums. Les personnages sont très caricaturaux, avec des traits et des défauts très amplifiés et donc ils ne sont franchement pas beaux du tout. Mais finalement, leur physique correspond bien au genre qu'ils sont intérieurement … il faut dire que ces fermiers sont plutôt une bande de dégénérés, obsédés par le sexe et violents. Seule l'épouse du fermier semble à peu près normale et on se demande bien comment elle a pu se retrouver là. Quant au voyou en cavale, on ne sait pas grand chose de lui et il est donc difficile de s'attacher à lui aussi. Les décors sont assez minimalistes et les couleurs assez agressives, comme pour refléter l'éclat du soleil qui luit pendant toute cette histoire. Celle-ci pourrait s'avérer assez traditionnelle si la famille qui tient la ferme n'était pas aussi bizarre ! D'ailleurs, le final est ironique, décalé et correspond bien à l'ambiance qui règne au fil des pages. Les dialogues sont simples, parfois argotiques, avec une touche de terroir et sont assez limités, comme les fermiers décrits. Du coup, c'est un album très vite lu mais qui me laisse un peu sur ma faim, avec un gros bof au niveau graphique et un petit bof au niveau histoire, que j'aurais aimé un peu plus développée. C'est noir, cru, grinçant, probablement choquant et marquant à l'époque de la parution du roman (au début des années 1980) mais avec tout ce que j'ai lu et vu depuis, cela m'a plutôt laissée indifférente et tout m'est apparu assez prévisible. Mais je pense que si j'avais découvert cette histoire il y a 30 ans, j'aurais adoré son côté sombre, sans pitié et sans morale !

Les avis plus positifs de Mo, Jérôme, Alain, Lasardine.