Carnets de thèse ---- Tiphaine Rivière

Jeanne est professeur dans un collègue situé en ZEP parisienne mais a parfois du mal à supporter ses élèves. Alors, quand elle apprend que le professeur Karpov accepte d'être son directeur de thèse, même si elle n'a pas obtenu de subventions pour celle-ci, Jeanne saute de joie. Elle se met immédiatement en disponibilité de l'Education Nationale pour trois ans et se précipite pour s'inscrire, avec pour sujet de thèse Kafka. Mais le parcours de thésard est loin d'être un long fleuve tranquille et entre les cours donnés à l'université comme professeur vacataire, les heures passées comme assistance au secrétariat du département des thèses et ses recherches à la Bibliothèque Nationale de France, Jeanne n'a pas un moment à elle et enchaine les galères …

Cela m'intéressait de voir ce qu'était le parcours d'un thésard car c'est un milieu que je ne connais pas du tout … je n'ai jamais envisagé de faire des études longues et encore moins une thèse (ce qui ne m'a pas empêché d'être à la retraite à 37 ans et de vivre très correctement !). Eh bien, ce n'est pas en lisant cet album qu'on peut être tenté par ce parcours du combattant à moins d'être maso (ou inconscient ou les deux). Par contre, je conçois tout à fait l'idée de faire une thèse pour le plaisir, sans en attendre rien, juste pour soi. L'auteure a semble-t-il laissé tomber la sienne pour se consacrer à la bande dessinée et je ne pense pas qu'elle ait fait un mauvais choix ! Elle montre Jeanne dans sa quête du plan de thèse parfait, dans les galères du quotidien, à la difficulté d'avoir des réponses des directeurs de thèse, le tout finissant par influer de façon assez négative sur toute sa vie. J'imagine que ce n'est pas une chose simple mais je l'ai trouvée quand même un peu brouillon, elle ne sait pas franchement où elle va, change plusieurs fois l'intitulé de son sujet, se disperse, perd aussi beaucoup de temps au début. C'est une chose qui m'a paru étrange vu son niveau d'étude et du coup, je n'ai pas beaucoup eu pitié d'elle. D'ailleurs, si certains passages font sourire, si certains nous font découvrir le monde de l'université ou de la BNF, j'ai quand même trouvé l'ensemble assez peu creusé et sans implication émotionnelle. Le graphisme est simple, clair, avec des couleurs agréables et peu agressives mais encore une fois assez typique de ce qu'on voit dans les albums des dessinatrices actuelles. On croirait qu'elles ont toutes eu le même professeur de dessin ! Je trouve un peu dommage ce manque de caractérisation qui devrait permettre de reconnaître d'un seul coup d'oeil la patte d'une personne. Mais bon, en même temps, c'est, je crois, son premier album alors il faut bien se faire la main ! Mon impression globale est plutôt positive dans le sens où j'ai découvert un univers totalement inconnu pour moi mais j'ai été un peu déçue de ne pas retrouver une dimension émotionnelle ou un dessin plus marqué.

Les avis de Mo (je n'ai pas eu pitié de Jeanne mais j'ai quand même de la compassion pour toi ;) !!!!) Tamara, Enna.

Comments

[Karine:)]

Je reste tentée...

Les avis sont mitigés mais j'ai des copines qui sont passées par là, du coup, je pense que je reconnaîtrai certains trucs!

[Aelys]

Je me suis retrouvée dans une partie de cet ouvrage, puisque j'ai fait une thèse en littérature il y aura presque 8 ans. Je n'ai pas adhéré moi non plus à la légèreté du propos, voire du personnage. Mais le pendant sacerdoce/difficultés/absurde/absence de débouchés est malheureusement vrai. Pourtant je ne regrette pas cette expérience, d'une grande richesse personnelle.