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19 novembre 2016

Le carrefour ---- Arnaud Floc'h et Grégory Charlet

LecarrefourC'est le mois de mai 1968 et la France est paralysée par les grèves. Pour Elias Baumer, qui travaille comme expert pour une compagnie d'assurance, c'est un peu le chômage technique car la pénurie d'essence empêche les gens de se déplacer en voiture et du coup, il n'y a plus d'accidents à étudier. Il se plonge donc dans les affaires anciennes toujours non résolues et pour cela, utilise ses derniers litres d'essence pour se rendre à Yvette-sur-Loing, un petit village où un carrefour est le lieu de nombreux accidents. Mais pour ce père de famille divorcé, qui ne voit sa fille qu'au cimetière quand elle vient fleurir la tombe de sa grand-mère, le village tient une place importante dans son passé …

J'avoue qu'avec cette couverture pale, je n'aurais pas été attirée par cet album (voire même que je ne l'aurais pas remarqué du tout) mais comme il fait partie des titres à lire pour mon club lecture spécial BD, je me suis donc penchée dessus. L'histoire alterne entre mai 1968 (le présent pour les protagonistes) et différentes périodes du passé s'étalant entre 1955 et 1958. Pas de risque de se perdre : les dates sont bien signalées et les épisodes passés sont en noir et blanc, pour contraster avec la couleur du reste de l'histoire, couleurs pastels et douces, qui correspondent bien à celles de la couverture. Et là, par contre, cela ne m'a pas dérangée d'avoir ces teintes pales, c'est même plutôt agréable, comme de regarder un film ou des photos un peu passées. Le graphisme est épuré, qui évoquerait presque la ligne claire, avec des décors bien dans les différentes époques mais qui ne croulent pas sous les détails … ils semblent justes et naturels. De même, les personnages sont simples, avec presque un côté naïf mais j'ai trouvé que certains se ressemblaient un peu trop (mais cela n'a pas trop nui à ma lecture). L'histoire est un peu lente dans son développement mais l'atmosphère devient très vite prenante : ce village semble assoupi mais chaque habitant semble avoir une histoire dramatique à raconter et il y a des moments d'émotion et de tendresse. Chacun a ses secrets, ses blessures, et on a envie d'en savoir plus, d'être avec eux. Le mystère omniprésent suit aussi le fil conducteur de l'histoire entre Elias et sa fille Marianne, ce qui permet de comprendre leurs relations et les ancre dans le village. La psychologie de tous les protagonistes est vraiment bien rendu, ce qui fait de ce récit pourtant assez simple une belle et étonnante découverte, qui m'a tenue envoûtée tout au long des pages.

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