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6 avril 2017

Cases blanches ---- Sylvain Runberg et Olivier Martin

CasesblanchesVincent Marbier est dessinateur de BD et vit dans le sud de la France. Divorcé et père d'un petit garçon, il a obtenu un beau succès en dessinant le premier tome d'une série de fantasy. La suite est très attendue par les fans et malgré un isolement relatif, on lui pose souvent la question à propos de la parution du second tome. Seulement voilà : Vincent est totalement bloqué sur son dessin et est incapable de mettre en images le scénario qu'on lui a fourni. Pourtant, il est régulièrement relancé par son éditeur, à tel point qu'il en est rendu à trouver des excuses complètement folles et surtout complètement fausses …

L'idée du blocage de la page blanche est régulièrement utilisée mais là, je crois que c'est la première fois qu'elle concerne un dessinateur de BD. J'ai donc trouvé ça plutôt original, même si je reste un peu dubitative sur le fond : autant je n'ai aucun problème à penser qu'on peut bloquer sur la création d'une histoire, autant j'ai plus de mal à comprendre comment on peut ne pas pouvoir dessiner des scènes déjà « créées » (par un scénariste). Bon, on peut ne pas être enthousiaste ou très inspiré mais bon, il me semble qu'on peut toujours produire un dessin (plus ou moins réussi en fonction de la motivation). En tout cas, je ne suis pas la meilleure juge en la matière vu que je ne suis pas sensible à la pression, surtout au niveau du travail ! mdr ! Voilà donc le seul hic que j'ai trouvé dans cette lecture sympathique et instructive. On y découvre le monde de l'édition des bandes dessinées, avec la pression mise sur les auteurs et dessinateurs, sur les demandes de fans en attente de prochains tomes, les salons et festivals à subir. Le héros, Vincent Marbier, a du mal à supporter tout ça et même quand il va courir en pleine campagne, il rencontre des gens qui lui demandent des dédicaces, qu'ils soient des promeneurs ou des travailleurs immigrés sur un chantier voisin. C'est donc une histoire assez psychologique, axée sur le ressenti et le désespoir de Vincent, qui en est rendu à mentir pour qu'on le laisse un peu tranquille. J'ai trouvé que c'était bien décrit, de façon subtile mais sans concession. Cela aborde un malaise qui était apparu il y a quelque temps dans ce milieu de l'édition et que certains auteurs avaient dénoncé et si cette histoire est une fiction, elle a néanmoins des accents de vérité et semble ancrée partiellement dans la réalité. C'est même étonnant de voir qu'un éditeur a accepté de publier un tel récit mais c'est plutôt courageux de sa part, de même que de celle des auteurs. Le dessin noir et blanc aux teintes légèrement bleutées m'a bien plu, avec son aspect réaliste et ses personnages expressifs. Le graphisme colle bien à l'ambiance un peu plombée et au moral dans les chaussettes du héros. Et puis, j'ai aussi aimé le final qui remet en place certaines choses et je ne m'attendais pas du tout à ce tournant dans l'histoire (enfin, j'en suspectais une partie mais pas tout !). J'ai donc trouvé cette lecture assez originale, elle a le mérite de montrer un milieu qui ne peut qu'intéresser les lecteurs de BD, et elle est bien ancrée dans notre époque.

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