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1 juin 2018

Cinq branches de coton noir ---- Yves Sente et Steve Cuzor

CinqbranchesdecotonnoirEn mai 1944, l’armée américaine et ses alliés tentent de convaincre les Allemands d’un possible débarquement du côté dans le nord de la France. Pour cela, ils ont installé une fausse base remplie de chars et d’armements du côté de Douvres, laissant penser que tout cet équipement va finalement être envoyé sur le front. Mais tous ces tanks sont en fait des chars gonflables qui font bien illusion vus du ciel, quand l’aviation allemande fait des survols d’observation. L’unité de l’armée américaine en charge du site est essentiellement constituée de soldats noirs et le racisme est omniprésent. Beaucoup de militaires de la troupe souffrent de se sentir inutile et rêvent de pouvoir prendre réellement part à la guerre. Parmi eux, il y a Lincoln, dont la sœur étudie l’Histoire américaine au Saint Augustine’s College à Raleigh, en Caroline du Nord, et qui lui écrit très souvent. Alors qu’elle vient d’hériter d’une vieile tante célibataire éloignée, la jeune femme découvre dans les affaires de la décédée le journal d’Angela Brown, une servante de Betsy Ross, datant de 1777. Elle va y découvrir l’histoire de la création du premier drapeau américain et comment celui-ci a disparu, probablement volé par un mercenaire allemand à l’époque de la Guerre d’Indépendance américaine. Ces révélations vont alors permettre d’intégrer Lincoln et quelques-uns de ses collègues à l’équipe de recherche des œuvres d’art, les Monuments Men, pour les lancer sur la piste du drapeau en Europe …

Pas vraiment facile de résumer cette histoire qui alterne les époques au début de l’album. Et puis, si on veut comprendre le sujet, il faut bien parler des deux sinon on pourrait croire qu’il s’agit juste d’un nouvel épisode de la seconde guerre mondiale alors que là, le récit a des racines profondes dans le passé. Je préfère préciser tout de suite que l’histoire ne se base pas du tout sur des faits réels. D’ailleurs, on ne pense plus que ce soit Betsy Ross qui ait cousu le premier drapeau américain, même s’il est indéniable qu’elle en a bien cousu plusieurs pour la Navy quelques années plus tard. Le fait que ce soit un récit de pure fiction ne gâche en rien la lecture car cela reste intéressant et j’ai bien aimé le fait de montrer comment ce premier drapeau était devenu, par le travail d’une seule femme, le symbole caché de toute une nation, Blancs et Noirs solidaires sous la même bannière, même s’ils ne le savaient pas (et qui explique donc le titre). C’est un album assez classique, tant dans sa narration que dans sa construction et dans le graphisme. Pas de découpage sortant de l’ordinaire, des dessins réalistes, détaillés, précis et fins, des couleurs souvent neutres (beaucoup de planches monochromes dans les tons verts ou ocres ou bleus, en fonction des lieux et des moments). Visuellement, j’ai bien aimé, même si je trouve que ça manque peut-être un peu de caractère. Quant au récit, je l’ai trouvé un peu bavard et surtout, la police et la taille des caractères n’a pas vraiment facilité ma lecture (pourtant quand je la regarde, elle ne me semble pas beaucoup différente des polices utilisées pour ce genre d’album … peut-être que j’étais juste plus fatiguée lors de cette lecture). Le problème était donc plus technique qu’autre chose ! Il m’a semblé que le début était un peu long et peu nécessaire à la compréhension du reste de l’histoire : on a vite compris que le racisme est omniprésent dans l’Armée et que les soldats noirs se sentent inutiles et peu considérés. Deux ou trois pages auraient suffit à présenter la chose et les personnages. J’ai donc commencé à vraiment apprécier ma lecture quand on découvre Johanna, la sœur de Lincoln et qu’on plonge complètement au cœur du sujet. De même, j’ai ressenti quelques petits moments de lassitude lors des recherches de Lincoln et son équipe sur les traces du drapeau : certains passages me semblaient s’éterniser un peu trop mais peut-être est-ce juste du à mes difficultés « techniques » de lecture ! J’ai beaucoup aimé la fin qui ne fait aucune concession et qui, ainsi, ressemble plus à la réalité (les auteurs auraient pu opter pour plus facile). Dans l’ensemble, c’est un album que j’ai bien apprécié malgré ses quelques longueurs et qui permet de dénoncer le racisme et de réfléchir à la place de la population noire aux Etats-Unis au fil de l’Histoire de ce pays.

L'avis de Meséchappéeslivresques.

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