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16 janvier 2019

Kérosène ---- Alain Bujak et Piero Macola

KeroseneEn novembre 2009, l’auteur se rend à Mont-de-Marsan pour y rencontrer une communauté manouche installée depuis longtemps au Camp du Rond, en bout de piste de la base aérienne B118. Acceuilli par Marie, une des plus anciens habitants du camp car elle s’y est installée peu de temps après la guerre avec sa mère et sa sœur alors qu’elle-même n’était qu’une enfant. Peu à peu, la communauté s’est étoffée avec l’arrivée de nouvelles familles mais le travail se faisait toujours rare car les gadjé ne voulaient pas les employer et il ne leur restait plus qu’à aller ramasser la ferraille pour la vendre. Le terrain du campement est devenu insalubre et exposé au bruit et la nouvelle mairie a enfin décidé à améliorer leurs conditions de vie. Mais il s’agit pour ces familles de quitter leurs caravanes pour s’installer dans des appartements construits exprès pour eux et qui pourraient leur permettre de mieux s’intégrer à la population locale qui reste toujours méfiante à leur égard. Mais cet énorme changement est aussi une renonciation définitive à leur mode de vie tradtionnel …

Quand j’ai emprunté cet album à la médiathèque, je n’avais aucune idée du sujet … en fait, je pensais qu’il allait peut-être s’agir d’une histoire policière vu que je n’ai regardé que la couverture et que je ne l’ai pas du tout feuilleté. Ce fut donc avec surprise mais intérêt que j’ai découvert qu’il s’agissait en fait d’un reportage/témoignage au sujet d’une communauté manouche qui va devoir déménager pour s’installer dans des appartements. Si plusieurs albums ont déjà été faits au sujet de ces communautés qui sont chacune bien spécifiques, je ne me rappelle pas avoir lu un récit concernant un changement radical de mode de vie. Le début reste relativement traditionnel : les auteurs nous montrent la vie du camp et de quelques-uns de ses habitants. Je n’y ai donc rien appris de vraiment nouveau mais les personnes présentées sont sympathiques et c’est toujours intéressant de découvrir leur parcours car ils sont souvent similaires (dans le contrôle que l’état français leur fait subir) et pourtant très différents (dans leurs origines). Le camp pourrait être agréable (et il l’a du l’être à ses débuts, quand cet ancien camp de prisonniers allemands a été vidé de ses premiers occupants) s’il n’y avait pas le passage régulier des avions de chasse de la base de l’Armée de l’Air voisine (et quand je dis voisine, c’est scandaleusement près). L’idée de la nouvelle équipe municipale en place paraît donc logique et humaine : ils ne peuvent plus rester là car cela mine la santé des habitants du camp et il faut donc les reloger ailleurs. Là où c’est plus étonnant, c’est qu’on leur propose des appartements non loin de là (mais dans une zone de bruit légèrement moindre). C’est bien qu’ils ne s’éloignent pas trop de leur quartier habituel mais passer d’une caravane à un logement en dur dans un immeuble, cela m’a paru peut-être un peu radical. On voit d’ailleurs la difficulté de tous à ce sujet : les habitants voisins des immeubles qui ne veulent pas voir une communauté manouche s’installer près d’eux, même sans caravanes, et l’inquiétude des habitants du camp qui voient leur style de vie traditionnel totalement bouleversé. Ils se demandent s’ils arriveront à s’habituer, à s’intégrer mais la mairie ne leur met aucune pression … ils sont libres de s’en aller si cela ne leur convient pas, ce que je trouve plutôt bien. On voit donc le déchirement qu’un tel déménagement peut entrainer et c’est un sujet finalement universel, que l’on soit manouche ou non. Le dessin crayonné est sobre, les décors bien représentés et les personnages expressifs. Les couleurs balaient toute la palette de tons, même si les ocres et les gris restent dominants vu qu’on est en hiver donc il n’y a pas beaucoup de feuilles et même si le reportage s’étend sur plusieurs mois, avec une dernière visite en 2016, les tons verts sont peu présents. J’ai trouvé très intéressant de voir les photos du camp et des habitants jointes au fil des pages car cela rend le récit plus ancré dans le réel et plus vivant. C’est un album facile à lire et qui permet une découverte relativement simple du monde manouche tout en abordant le sujet de l’intégration et du changement des traditions et c’est une lecture que j’ai bien aimée car elle prône la tolérance et aide à se comprendre mutuellement.

L'avis d'Echappéeslivresques.

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