Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
La bibliothèque du dolmen
Derniers commentaires
18 janvier 2019

Là où les chiens aboient par la queue ----Estelle-Sarah Bulle

LaouleschiensaboientparlaqueueIssue d’une famille guadeloupéenne du côté du père et du nord de la France du côté de la mère, une jeune femme parisienne demande à ses tantes Antoine et Lucinde, ainsi qu’à son père surnommé Petit-Frère de lui raconter l’histoire familiale. Antoine, l’ainée, lui narre son enfance à Morne-Galant, où sa mère tenait un petit commerce et son père Hilaire était fermier, où la vie se déroulait en pleine nature et où les enfants étaient souvent livrés à eux-mêmes. Elle raconte l’arrivée de Lucinde et de Petit-Frère, les grossesses difficiles de sa mère, la mort de celle-ci alors que les enfants sont encore jeunes. Hilaire laisse alors Antoine s’occuper de l’éducation des plus jeunes mais alors qu’elle a seize ans, la jeune fille rêve d’autre chose. Elle quitte en secret Morne-Galant et s’installe à Point-à-Pitre, espérant une vie meilleure …

Le titre est intriguant et avec les bons échos que j’en ai eu, on a finalement choisi ce titre pour notre club lecture du village (je dis village au singulier mais en fait, le club regroupe trois hameaux). Bon, il n’est pas le seul à lire (il y a six romans et trois bandes dessinées choisis) mais le sujet paraissait original et intéressant. En plus, j’aime en général bien découvrir des premiers romans, ce qui est le cas ici. L’auteure s’est sûrement inspirée fortement de son histoire familiale pour ce livre mais celui-ci reste un roman car il y a une certaine liberté de création et d’imaginaire. Les chapitres alternent entre différents narrateurs, ce qui permet d’instaurer un certain rythme et qui « accélère » d’une certaine manière la lecture. La nièce explique sa démarche pour recueillir les souvenirs et comme elle-même, qui ne connaît la Guadeloupe qu’à travers des voyages occasionnels, se perçoit dans la société aussi bien métropolitaine que guadeloupéenne. Antoine raconte la rencontre de ses parents, son enfance à Morne-Galant, son entrée dans l’age adulte en partant à Pointe-à-Pitre, ses voyages, son départ et son installation dans la région parisienne où elle retrouve Petit-Frère et Lucinde. C’est Antoine, haute en couleurs, au caractère fantasque mais profondément axé sur la religion et le spirituel, aux espoirs fous d’une vie meilleure, qui est la narratrice la plus fréquente. Dans ce rôle, on retrouve aussi Lucinde, plus posée, plus tournée vers le monde des békés, plus ambitieuse, qui reprend parfois des évènements déjà décrits par Antoine en leur apportant un angle nouveau, ce qu’on retrouve aussi dans le récit de Petit-Frère, le seul garçon, celui qui est resté le plus proche de leur père Hilaire. A travers eux, on découvre l’Histoire de la Guadeloupe, la vie des fermiers, les différentes strates de la société de l’île, la vie quotidienne de chacun et les espoirs et les attentes, tous différents en fonction de chacun. Quelques mots créoles viennent pimenter la lecture, l’ancrant dans la terre et la culture guadeloupéennes. Certains épisodes sont savoureux, d’autres émouvants, d’autres révoltants quand on voit l’attitude de certains. C’est étrange car j’ai souvent du me répéter que le récit commence vraiment en 1947 alors que, lors de ma lecture, j’avais régulièrement l’impression de me trouver plutôt dans les années 1920 ou 1930, ceci étant probablement du à la différence du style de vie entre les Antilles et la métropole à cette époque (mais franchement, quand Antoine va à Caracas, il me semblait qu’on était dans un vieux film avec Humphrey Bogart qui serait parti entre les guerres à l’aventure en Amérique du Sud). Pour un premier roman, j’ai trouvé que le récit était bien écrit, bien mené, le sujet particulièrement intéressant et les personnages vraiment attachants. Pendant ces quelques jours de lecture, le soleil de Guadeloupe a brillé au dessus de moi et ça fait vraiment du bien, car c’est un roman lumineux, même si tout n’y est pas rose !

Les avis de Gambadou, Sandrine, Hélène.

Publicité
Commentaires
S
je note vu ton avis enthousiaste
Répondre
A
Pour le soleil des Antilles, alors.
Répondre
La bibliothèque du dolmen
Publicité
La bibliothèque du dolmen
Newsletter
Visiteurs
Depuis la création 376 576
Publicité