Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
La bibliothèque du dolmen
Derniers commentaires
28 février 2019

Servir le peuple ---- Yan Lianke et Alex W. Inker

ServirlepeupleOriginaire d’un petit village de montagne et élevé par sa mère, Petit Wu travaille dur dans les champs avant de recevoir une éducation scolaire au collège voisin, ce qui lui permettra de devenir comptable à la brigade de production régionale. Remarqué pour son dévouement aux règles du Parti et au fait de servir le peuple, il est alors envoyé dans l’Armée avec l’assurance d’épouser la fille de Zhao, comptable en chef et membre influent du Parti. A son retour au village pour la mort de sa mère, Petit Wu n’a toujours pas obtenu de promotion ni de citation, la concurrence dans l’Armée étant rude, mais le mariage avec la fille de Zhao a néanmoins lieu. Mais la jeune femme ne donne son corps à Petit Wu qu’en échange de la promesse de sa future promotion, commençant donc leur vie commune sans aucun signe d’amour entre eux. De retour dans son régiment, Petit Wu redouble d’efforts et finit par décrocher un poste de cuisinier, puis d’ordonnance auprès du colonel qui apprécie ce soldat dévoué. Alors, quand le colonel doit partir à un séminaire pour deux mois, il laisse Petit Wu en charge de la maison et lui demande de répondre à toutes les demandes de sa jeune épouse, Liu. Très rapidement, Liu va demander à Petit Wu de monter dans sa chambre et va lui poser des questions quant à sa motivation pour servir le peuple et donc par extension pour la servir elle  …

Le titre de l’album ne laisse pas du tout présager les différentes façons possibles de servir le peuple mais on le découvre assez vite au fil des pages. Je n’avais aucune idée du sujet sauf que cela concernait, bien évident, la Chine et vu le personnage de la couverture, que cela aurait un lien avec les militaires ou tout au moins, avec des gens impliqués plus ou moins avec le Parti (mais qui ne l’est pas à cette époque et dans ce pays ?).Ce qui m’a frappée dès le départ, c’est le graphisme aux tons orangés, verts et gris pour toutes les scènes se déroulant au régiment et les tons bleus, rouges et gris pour les scènes au village. Grâce à cette différence de couleurs, on est tout de suite plongé dans une certaine ambiance et on sait tout de suite où on se trouve. Le style évoque beaucoup le graphisme chinois mais je ne sais pas vraiment pourquoi je le ressens ainsi vu que je ne connais aucun dessinateur de ce pays (ou alors vraiment très peu !). Les décors sont simples mais soignés et détaillés mais j’ai eu énormément de mal avec les personnages … je ne les ai pas trouvés très beaux (bon, je peux carrément dire moches !) : leurs grosses lèvres, leurs visages qui semblent souvent boursouflés et leurs attitudes corporelles ne m’ont vraiment pas séduite. Certains ressemblent même plus à des singes sortis du film La planète des singes qu’à des humains comme à la page 52. Du coup, ça a perturbé ma lecture, même si j’essaayais de faire abstraction du problème pour me concentrer sur l’histoire proprement dite. Celle-ci est originale car elle montre les difficultés de réaliser un mariage heureux dans ce pays où ceux-ci sont calculés et négociés. Alors, il arrive parfois que l’amour trouve un chemin différent pour rendre les gens heureux, même si cela ne dure qu’un temps. On découvre donc la relation entre Wu et Liu et il y a pas mal de scènes un peu chaudes. C’est aussi intéressant de voir comment le Parti est toujours omniprésent, même dans les relations intimes et comment les convictions les plus ancrées peuvent être influencées par les sentiments. Mais j’ai quand même trouvé l’ensemble assez léger, sans grande profondeur … le ressenti des personnages, ainsi que leur évolution psychologique, ne sont souvent qu’effleurés, un peu comme si l’auteur les abordait de la façon typique du pays, en les suggérant et en tournant autour. Il y a donc beaucoup de choses que le lecteur doit déduire de lui-même, ce qui ne me dérange pas mais laisse toujours un doute quant à la justesse de notre propre interprétation. Cela reste une lecture étonnante qui montre un pays dominé par la doctrine en place mais qui laisse néanmoins la possibilité à l’inattendu, et qui montre qu’on ne peut quand même pas tout contrôler, même si cela reste bref et que la fin laisse un petit goût un peu amer !

Publicité
Commentaires
La bibliothèque du dolmen
Publicité
La bibliothèque du dolmen
Newsletter
Visiteurs
Depuis la création 376 576
Publicité