Monk ! : Thelonious, Pannonica ... une amitié, une révolution musicale ---- Youssef Daoudi

New York, 1981. Pannonica de Koenigswarter rejoint sa maison à Weehawken, New Jersey, où le musicien de jazz Thelonious Monk et leurs nombreux chats l’attendent. Cela fait plusieurs années de Thelonious, fatigué et malade, ne se montre plus en public, ne sort quasiment pas de sa chambre et parle très peu. Mais Thelonious et Pannonica se rappellent des grands moments de leurs vies. Thelonious, né dans une famille de musiciens, jouant du piano, grandit à Manhattan après avoir quitté la Caroline du Nord alors que Pannonica nait dans une famille aisée de la branche anglaise des Rothschild et parcourt le monde à sa guise avant d’épouser le baron Jules De Koenigswarter. Cette dernière se passionne pour la musique et particulièrement le jazz et c’est tout naturellement qu’elle est amenée à rencontrer Thelonious, célèbre pour ses improvisations et son style dans tous les clubs de jazz de New York …

Je ne connais ce musicien de jazz que de nom et n’avais aucune idée ni de son style ni de sa carrière. Du coup, voir passer entre mes mains une BD bien épaisse sur sa vie et son œuvre et sur son amitié forte avec Pannonica (que je ne connaissais pas non plus !), ça m’a paru une bonne idée de lecture/découverte. Tout d’abord, j’ai beaucoup aimé le graphisme animé et plein de vie, un peu brouillon, en trichromie noir, blanc et beige. J’ai trouvé qu’on ressentait bien l’époque, la musique et la passion de Thelonious à travers le dessin et les découpages variés donnent aussi du rythme à l’ensemble. Quant à l’histoire, elle ne raconte pas vraiment la vie de ce musicien mais plutôt sa vision de la musique et son amitié profonde et durable avec Pannonica. Cette femme est d’ailleurs aussi étonnante que Thelonious : elle ne correspond pas à ce que sa famille attend d’elle mais se plonge corps et âme dans le jazz et soutient, envers et contre tout et tous (y compris les policiers, souvent violents envers les Noirs à l’époque) Thelonious en l’aidant et en étant à ses côtés. Pourtant celui-ci avait une vie de famille et un fils mais sa relation avec Pannonica n’était qu’amicale et s’était formée autour d’une passion commune. On voit donc comme Thelonious aborde son art, comme il conçoit la musique, improvisant beaucoup, faisant corps avec son piano. J’ai trouvé ça fascinant et cela m’a forcément donné envie d’écouter plusieurs de ses morceaux tout en lisant l’album mais aussi à l’issue de cette lecture. Qui plus est, j’ai trouvé que l’auteur mettait beaucoup de poésie dans la façon d’aborder le sujet et cela m’a emportée dans une petite bulle hors du temps et du monde. Un bien joli album qui m’a plu alors que je ne suis pas forcément fan de jazz au départ !