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16 janvier 2020

Là où se termine la terre : Chili 1948-1970 ---- Désirée et Alain Frappier

LaouseterminelaterreMême quand on quitte notre pays, celui-ci reste dans nos cœurs. Pour Pedro Atías, le Chili fait partie intégrante de son être et de ses souvenirs. Son père, dont la famille était originaire du Liban, s’était marié à une Chilienne dont la famille avait subi le grand tremblement de terre de Concepción en 1939. Peu à peu, des enfants naissent et Pedro n’est ni le plus âgé ni le plus jeune. Installée à Santiago, la famille semble vivre sans problème majeur et Pedro va à l’école de l’Alliance Française mais ne se reconnaît pas dans l’éducation fournie, particulièrement dans les cours d’Histoire qui parle de « nos ancêtres les gaulois ». Mais un jour, alors que Pedro a une dizaine d’années, le père quitte la maison, plus absorbé par son travail et les livres qu’il écrivait que par sa femme et leurs enfants et Pedro se plonge dans la lecture pour oublier son absence alors que le monde continue sa course folle avec la fin de la seconde guerre mondiale et les déplacements de personnes plus ou moins recommandables qui ont suivi, la tension toujours croissante entre bloc de l’Ouest et bloc de l’Est, la pauvreté des paysans et des ouvriers chiliens exploités par quelques familles riches et haut placées ...

J’ai eu un peu de mal à rédiger mon résumé car au départ de l’album, la narration n’est pas forcément linéaire et il y a quelques flashbacks et quelques sauts dans le temps. Mais bon, l’essentiel est de savoir qu’il s’agit des souvenirs d’enfance, d’adolescence et de l’entrée dans l’âge adulte du chilien Pedro Atías, un ami des auteurs de l’album qui vit en France depuis plusieurs années. On découvre donc brièvement ses origines familiales et sa petite enfance, l’essentiel des souvenirs commençant vers les sept ans (il me semble car peu de dates sont citées en relation avec Pedro, les références temporelles n’étant qu’en lien avec des évènements, tels que les faits historiques, des élections, des révoltes, et autres). Autant dire, qu’avec ce que je viens de dire, vous vous doutez bien qu’il est aussi fortement question de l’Histoire du Chili (et plus généralement du monde entier quand les auteurs replacent le pays dans un contexte plus large) mais vue à hauteur d’homme qui l’a vécue. Comme c’est un pays que je connais assez peu, j’ai donc appris de nombreuses choses, trop peut-être pour me rappeler de toutes ! Il faut aussi préciser que Pedro devient très impliqué dans la défense des droits des plus faibles et des exploités donc il y a un petit côté militant à cette lecture, qui m’a parfois un peu gênée car cela occulte quelquefois les sentiments des personnages. On dirait qu’ils ne vivent que pour ça et que le reste de leur vie n’existe pas. Le graphisme noir et blanc table sur le réalisme et la sobriété, utilisant par moments des photos retravaillées en dessin et des découpes variées qui n’enferment pas toujours les dessins dans des cases. J’ai bien aimé cette présentation toujours différente car elle permet d’éviter toute lassitude lors de la lecture qui s’avère parfois fastidieuse dans le nombre de détails. J’ai par contre regretté que l’album s’arrête pratiquement au moment de l’élection à la présidence d’Allende et que le coup d’état qui suivra ainsi que la dictature soient résumés en quelques pages, avec l’impact de ces évènements sur la famille de Pedro et sur ses amis et connaissances. Bien sûr, c’est une partie de l’Histoire qu’on connaît un peu plus mais pour moi, cela reste très limité mais je peux comprendre que ces souvenirs soient très douloureux et quasiment impossibles à évoquer en détail. C’est donc une lecture exigeante, pas toujours facile mais qui permet d’apprendre toujours de nouvelles choses et qui montre que, malgré les difficultés, certains sont toujours prêts à se battre pour faire changer la société.

L'avis de Mo.

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