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21 janvier 2020

Les choses humaines ---- Karine Tuil

LeschoseshumainesClaire Farel, la quarantaine, issue d’une famille aisée franco-américaine, ayant grandi aux USA puis en France, est devenue une philosophe et essayiste publiée et reconnue, récemment séparée du charismatique Jean Farel, journaliste politique, animateur d’une émission à succès et incontournable de la télévision française, de vingt-sept ans son ainé. Ensemble, ils ont eu un fils, Alexandre, qui, après Polytechnique, poursuit ses études dans la prestigieuse université de Stanford en Californie. Claire entretient une relation avec un professeur de français dans une école juive de la banlieue parisienne. Jean Farel, lui, est plus focalisé sur son travail car il sent que de jeunes journalistes sont prêts à lui prendre sa place et dans une société où être vieux semble être une tare, il s’efforce constamment de paraître le plus jeune possible malgré son âge et continue de séduire les femmes pour se rassurer. Mais ces vies parfaites vont basculer dans le chaos quand Alexandre va être accusé de viol après une soirée étudiante à Paris …

J’avais déjà noté ce roman avant qu’il soit prix Goncourt des lycéens 2019 car le sujet était d’actualité et que j’étais intéressée pour voir comment l’auteure allait le traiter. En plus, c’était aussi l’occasion pour moi de découvrir Karine Tuil car je n’avais encore rien lu d’elle. Et, cerise sur le gâteau, c’était une lecture qui comptait pour deux de mes clubs lecture qui avaient pour thème la rentrée littéraire de septembre. On commence donc par découvrir Claire Farel, une mère de famille à la carrière relativement réussie mais dont la vie de couple a explosé quelque temps auparavant. Séparée de son mari très médiatique, Jean Farel, elle commence une relation avec un professeur de français dont le mariage a aussi périclité à cause de la religion excessive de son épouse, partie vivre avec leurs filles dans le quartier juif ultra-orthodoxe de New York. On découvre Jean Farel, personnage public et ayant une très haute estime de lui-même, toujours accro au pouvoir que son poste de journaliste politique lui a donné au fil des ans. Mais l’âge le rattrape et il a peur. Et ensuite, il y a Alexandre, le fils de Claire et Jean, brillant étudiant, ayant toujours vécu dans un cocon riche et culturel, protégé du quotidien, qui va à une soirée étudiante parisienne et qui est ensuite accusé de viol. Forcément, dans le contexte actuel des mouvements féministes et de la libération de la parole des femmes, cette accusation est terrible et avec des parents célèbres et leur milieu aisé, cela ne peut pas passer inaperçu ! Le livre est donc composé de deux parties : la présentation des personnages et jusqu’à la soirée fatidique et l’accusation qui s’en suit et le procès d’Alexandre quelques mois après (enfin, pas mal de mois après !) Si j’ai trouvé la première partie un peu longue et parfois répétitive dans certaines descriptions (on a bien compris que Jean Farel est un être abject !), j’ai trouvé le récit du procès particulièrement intéressant. Tout d’abord, on voit comment les choses se déroulent, comment il n’y a plus de vie privée, comment tout, passé inclus, est déballé en place publique. Ce n’est facile pour personne, que ce soit la victime ou l’accusé et leur entourage. Ensuite, ce que j’ai apprécié, c’est que le cas n’est pas forcément évident : l’auteure nous laisse décider où nous positionner avec les infos qu’elle nous donne, les mêmes qui sont à la disposition des jurés, c’est-à-dire le témoignage d’Alexandre d’un côté et le témoignage de la victime de l’autre, complétés chacun par quelques pièces à conviction peu concluantes pour convaincre sans doute possible. Un tel roman, qui en profite au passage pour dénoncer notre société actuelle où l’image est reine, où les réseaux sociaux font et défont des vies, où le rôle des familles devient parfois flou, où le dialogue se limite parfois au minimum (d’où la difficulté de savoir s’il y a eu consentement clair ou non), où la manipulation est monnaie courante dans certains milieux, fait tout pour secouer le lecteur, lui demandant de réfléchir à cette situation qui est loin d’être rare actuellement et de choisir éventuellement un camp, usant de sa raison ou de son cœur pour cela, montrant ainsi combien il est difficile de juger. Je ne dirai pas de quel côté je me trouve mais il y a une chose que je peux dire : c’est un roman à lire !

Les avis de Cuné, Saxaoul, Clarabel, Canel.

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Commentaires
A
Une de mes lectures marquantes de cette rentrée de septembre.
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S
je note le titre au cas où ... (soupir soupir)
Répondre
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