Aldobrando ---- Critone et Gipi

Sous une pluie battante, un seigneur vient confier un jeune enfant, son fils, à un vieil homme vivant dans la forêt. Il sait que ses heures sont comptées et que c’est le seul moyen pour qu’Aldobrando ait une bonne éducation et survive en étant caché des puissants de la ville voisine. Le seul héritage que l’homme lui laisse est la bague qu’il a offert à sa mère comme gage de leur amour. Quelques années plus tard, Aldobrando a bien grandi mais refuse de quitter la maison du vieil ermite qui l’a élevé. Apparamment, le vaste monde ne l’intéresse pas mais aujourd’hui, le vieil homme doit lui enseigner un grand secret. Pour cela, il faut préparer un certain nombre de choses et Aldobrando, qui est parfois un peu simplet, s’en acquitte à peu près. Mais lors du déroulement de la cérémonie, le Maitre est blessé à l’oeil par un chat et demande à Aldobrando d’aller chercher et ramener de toute urgence de l’herbe du loup, sinon sa plaie va s’infecter et il mourra. Paniqué, Aldobrando se précipite dans la forêt enneigée, poussant de plus en plus loin et devant finalement passer la nuit dans une grotte où il rencontre, au petit matin, un homme qui l’embauche illico comme écuyer pour se payer d’un affront imaginaire …

La première impression en ouvrant cet album se focalise sur le graphisme soigné et les belles aquarelles. L’ensemble est simple et sobre, avec des décors bien travaillés mais légers et des personnages bien reconnaissables car parfois un peu caricaturaux dans les détails (Aldobrando, par exemple, a, je trouve, une tête d’œuf). Le réalisme flirte ainsi avec l’imaginaire lié au Moyen-Age et par moments à la fantasy (surtout avec le personnage du Semeurdemort, qui a tout du troll) et les couleurs subliment le tout, créant des ambiances réussies (on a froid dans la neige, on sent l’obscurité dans le cachot …). Dès le départ, j’ai compris où l’histoire allait se diriger mais cela n’enlève rien au plaisir de suivre Albobrando dans ses pérégrinations et les rencontres qu’il fait sont relativement prévisibles dans la construction de l’histoire. Forcément, il y aura des gens biens et d’autres peu sympathiques, certains agaçants et d’autres qui finiront par trouver un nouvel équilibre. Compte tenu de cette évidence, j’ai parfois trouvé quelques longueurs dans le récit et je voulais le voir avancer plus vite au lieu d’essayer de créer un mystère là où il n’avait pas lieu l’être car les informations données plus tôt dans le récit étaient trop révélatrices mais en fait, le rythme de l’histoire se calque juste sur la façon assez lente de raisonner d’Aldobrando qui, s’il est un être gentil et serviable, est aussi pas le plus rapide du monde dans sa compréhension du monde … on va dire qu’il est gentillement naïf et qu’il ne voit pas le mal, ce qui se révèlera être une qualité (que je n’ai malheureusement pas) ! Voilà donc un joli conte à lire à tout âge !