Les somnambules ---- Chuck Wendig

Shana s’apprête à réveiller Nessie, sa jeune sœur de quinze ans, pour qu’elles aillent s’occuper de la boutique attenante à la ferme familiale alors que leur père s’occupe du bétail et des autres travaux. Mais le lit de Nessie est vide alors qu’elle a pourtant veillé tard pour observer le passage d’une comète. Elle retrouve l’adolescente sur l’allée menant à la route et n’arrive pas à communiquer avec elle. Nessie regarde droit devant elle, les yeux un peu dans le vague et ne réagit pas. Pire, quand Shana essaie de l’arrêter, Nessie commence à devenir chaude et à trembler violemment. Elle n’a alors pas d’autre choix que d’emboiter le pas à sa sœur, qui va vite être rejointe par un professeur de maths de leur lycée, tout aussi peu réceptif. Nessie sera alors la première d’un groupe que les médias vont appeler les somnambules et le CDC va devoir venir étudier ces personnes que rien ne semble pouvoir arrêter, se demandant s’il s’agit d’une nouvelle maladie …

Je suis étonnée de ne pas avoir repéré ce titre à sa parution en anglais en 2019 vu le sujet mais peut-être que je me suis mélangée avec un autre titre très similaire (The wanderers de Meg Howrey) et classé lui-aussi en science-fiction et qui était, lui, bien dans ma PAL (il m’intéresse aussi beaucoup !). C’est donc quand j’ai entendu parler de ce pavé pour sa parution française que cette fois, il n’a pas pu passer inaperçu ! Et c’est heureux car cela faisait vraiment longtemps que je n’avais pas eu un tel plaisir de lecture et que j’ai dévoré à toute vitesse les quelques 1165 pages, même si vers la fin, je tentais de ralentir car je ne voulais pas dire au revoir à tous les personnages de ce road-trip apocalyptique. La taille du livre pourrait inquiéter ou faire peur mais j’ai trouvé que le style d’écriture était tellement fluide et facile qu’on ne voit pas les pages défiler. Dès le départ, j’ai été happée par le récit qui plonge directement dans le vif du sujet avec l’apparition de la première somnambule et le mystère qui entoure ces comportements étranges est vraiment accrocheur : on se demande comment l’auteur va développer l’histoire et sur quelles raisons et explications il va s’appuyer. Les choses vont vite prendre un tournant rappelant un peu les derniers mois vécus dans le monde entier avec la pandémie Covid car on voit la mise en place d’équipes de scientifiques pour comprendre ce qui se passe et tenter de trouver une solution car le « virus » semble se propager sans qu’on sache comment et les personnes susceptibles d’être atteintes. C’est sûr que, tant que personne ne s’interpose entre les somnambules et leur but (inconnu), tout semble presque normal hormis ce groupe qui ne cesse de s’agrandir, tant à cause du nombre croissant de somnambules qu’avec les accompagnants, ceux qui voient un être aimé touché et qui ne veulent pas l’abandonner et donc l’escortent dans sa marche. Le roman est intéressant sur plusieurs points : il y a l’aspect humain, bien sûr, avec l’angoisse des familles concernées par le virus, l’aspect scientifique, avec les équipes chargées d’étudier et de comprendre ce qui se passe, l’aspect sociologique, avec la façon dont les médias traitent les évènements, l’influence d’Internet et l’utilisation du phénomène par les politiques et les religieux (et plus généralement les fanatiques en tous genres). Mais il ne faut pas oublier non plus un petit côté fantastique, qui n’est pas s’en rappeler The Stand de Stephen King, avec un aspect lutte du bien contre le mal ... on ne sait pas pendant longtemps si le roman de Chuck Wendig va basculer de ce côté ou s’il va rester plus ancré dans des explications scientifiques. Le nombre de personnages est assez important, ce qui est logique vu la taille du roman, mais je ne m’y suis jamais perdue : on en suit qu’une grosse vingtaine de façon régulière et bien développée et comme on s’y attache, c’est facile de s’en rappeler. Qui plus est, chacun est bien typé : les deux sœurs, les scientifiques ayant tous un rôle différent, la star de rock, le pasteur, le suprémaciste blanc, l’ancienne policière ... et les personnages secondaires sont souvent rattachés de façon plus ou moins régulière aux personnages moteurs du récit. J’ai donc particulièrement aimé cette histoire bien menée, prenante, qui maintient le suspense pendant longtemps sans lasser ni sembler tirer sur la corde et qui se clôture sur un final que j’avais supposé possible assez rapidement sans pour autant en deviner touts les tenants et aboutissants et qui correspond assez bien à ma façon de raisonner dans le contexte fin du monde/apocalypse. Les personnages sont humains et parfaitement construits (même les méchants que j’ai profondément détestés) et font aussi partie de l’attrait du roman car on peut se mettre à leur place ou bien réfléchir à l’attitude de certains. Un gros gros gros coup de cœur (d'où la double dose de coeurs sautillants) ! 

L'avis de The cannibal lecteur (Belette).