L'écologie en bas de chez moi ---- Iegor Gran

Un soir de mai 2009, l’auteur découvre, affichée dans le hall de son immeuble, une réclame pour regarder en juin à la télévision le film écologique Home de Yann Arthus-Bertrand avec un commentaire incitant les gens à protéger la planète de façon active. Ce tract militant le dérange : l’écologie est devenue mondiale, imposée, à la mode, dictatoriale et intolérante pour ceux qui ne sont pas complètement convaincus ou juste tièdes à ce sujet. Mais surtout, en y réflechissant bien, c’est aussi un business juteux avec des produits dérivés vendus chers et l’auteur réalise qu’il est quasiment impossible d’éviter le problème clivant qui est l’écologie bien pensante, un peu bobo, superficielle et dans l’air du temps. D’ailleurs, il va vite en faire l’expérience avec son ami d’enfance, Vincent, qui lui, adhère pleinement au concept vert …

J’avais besoin d’un roman court et vite lu et j’ai pris le premier qui me tombait sous la main. Effectivement, il fut vite lu et pour deux raisons : son nombre de pages est raisonnable (il peut se lire d’une seule traite) et le sujet et la façon que l’auteur a de l’aborder m’a intéressée et beaucoup plu. Tout d’abord, on est assez en phase sur les idées développées (le côté business de l’écologie, l’aspect intégriste de certains écolos qui, si on gratte bien, ne le sont pas vraiment dans leur vie quotidienne ...) et l’humour et l’ironie sont omniprésents. En plus, chose totalement inattendue, j’y ai trouvé des résonnances avec le contexte social et sanitaire actuel avec la vaccination (obligation, dénigrement et culpabilisation, passe sanitaire, mise en avant des données scientifiques, opposition entre pro et anti, utilité vitale pour sauver la population mondiale ...) car certaines choses décrites dans ce court livre pourraient s’appliquer aux deux thèmes, en changeant juste le mot « écologie » par « vaccination » ! Du coup, je me demande comment j’aurais perçu ce roman si je l’avais lu à sa parution il y a quelques années et si je l’avais relu maintenant. Aurais-je fait le même rapprochement ? Je ne sais pas mais là, comme je l’ai lu en pleine polémique, avec les manifestations tous les samedis, ça m’a vraiment sauté à la figure ! Sinon, concernant l’écologie (qui est quand même une part importante du sujet du récit), l’auteur a fait plein de recherches et j’ai appris plein de petites choses, certaines amusantes, d’autres effrayantes, mais toutes intéressantes. On voit bien comment l’écologie est mise à toutes les sauces, avec sa petite dose de culpabilité pour ceux qui ne suivent pas les consignes, comment elle est nécessaire mais exploitée à outrance et de façon souvent peu crédible (une automobile verte par exemple ... le seul moyen de déplacement vert est nos pieds et la marche mais pour les longs trajets, ça devient compliqué) à tel point que ça en devient presque ridicule et écoeurant. En fin d’ouvrage, il y a l’article qu’il a écrit à l’époque à ce sujet pour Libération (avec les coupures effectuées par le journal). Ce fut donc une excellente lecture qui, dans ses bases universelles, reste intemporelle et qui parle tout simplement de tolérance et d’écoute mais aussi de manipulation et de business et qui nous rappelle qu’il faut toujours se poser des questions et chercher à comprendre.

L'avis d'Yv.