La divine comédie d'Oscar Wilde ---- Javier de Isusi

En 1897, à sa sortie de prison, Oscar Wilde s’exile pour la France et s’installe à Paris. Quelques années plus tôt, il savourait pourtant un grand succès avec ses pièces se jouant à guichets fermés à Londres. Esthète, dandy, orateur hors pair, il s’installe sans le sou dans un modeste petit hôtel au cœur de Saint-Germain-des-Prés sous le pseudonyme de Sebastian Melmoth. Entouré de quelques amis fidèles toujours prêts à l’aider, le poète et écrivain fréquente les bars, certaines soirées mondaines, charme ceux qu’il rencontre et se laisse parfois tenter par de jeunes garçons rencontrés le soir dans la rue. Il semble tomber dans la déchéance alors que son esprit et sa répartie restent toujours aussi vifs …

Oscar Wilde est quelqu’un de fascinant, que ce soit grâce à ses œuvres ou à sa vie. Difficile de résister aux phrases mordantes, cyniques, ironiques, provocatrices ... enfin bref, je les trouve toujours bien vues et subtiles. Pas étonnant qu’il ait eu un si grand succès en société, charmant ses interlocuteurs, et tous ceux qui l’écoutaient, par sa verve haute en couleur et pourtant raffinée. Du coup, quand j’ai vu ce petit pavé sur les derniers mois de sa vie, je n’ai pu résister et je ne me suis fiée qu’à la couverture et au titre vu que le roman graphique était sous blister à la librairie. Mais je n’ai pas été déçue ! Le graphisme aux tons sépias crée une atmosphère particulière, un brin nostalgique et les aquarelles simplifient les décors qui restent néanmoins suffisamment détaillés pour paraître réalistes. Les personnages sont tous bien reconnaissables dans l’ensemble (malgré l’abondance de moustachus due à la mode de l’époque !) et ressemblent bien, là encore, à la réalité. J’ai donc trouvé l’album visuellement très agréable et le style graphique très adapté au récit. L’auteur raconte les deux dernières années d’Oscar Wilde, passées en France, dans la misère mais toujours soutenu par ses amis proches et fidèles, fascinés autant par l’homme que par son talent. On voit les mauvais côtés du personnage : ses abus d’alcool, ses excentricités poussées à leur maximum, la part de son âme détruite par son temps passé en prison. Mais on savoure aussi sa verve, ses petites phrases assassines si savoureuses, son génie si particulier. Le tout est tempéré par sa douleur d’avoir connu le sommet et ensuite de se retrouver si bas et par sa solitude amoureuse, qui en devient douloureuse et destructive. L’auteur espagnol, fan d’Oscar Wilde et ça se sent, s’est appuyé sur des documents pour bâtir son album, collant très souvent à la réalité et imaginant le reste. Cela donne un récit très humain et consistant, émouvant, un reflet d’une époque révolue et bouillonnante, et un magnifique hommage à ce poète et écrivain parti trop tôt ! 

Comments

[sheherazade2000]

voilà qui devrait me plaire, moi qui aime oscar wilde