Les gens de rien (tome 1) ---- Charles Masson

Tome 1 : Jusqu'au printemps

Marie et Louise sont amies depuis leur enfance et ont été monitrices dans une colonie en Corse un été, loin de la grisaille des usines lyonnaises. Pour ça, elles ont appris toutes seules à nager dans le Rhône et si Louise ne s’imagine pas autrement qu’en épouse et en mère de famille entourée de plusieurs marmots, Marie estime qu’elle n’a pas besoin d’un homme pour vivre, même si elle adore aussi les enfants. Elle deviendra donc institutrice ! Mais bien des années plus tard, alors que la retraite est arrivée depuis quelques années, Marie pousse la porte du cabinet du docteur Masson pour un problème de déglutition qui se révèle bien plus grave qu’un simple mal de gorge …

Cela faisait longtemps que je n’avais pas lu d’album de Charles Masson et quand j’ai vu celui-ci à la médiathèque, il avait tout pour me séduire : un petit format, pas trop épais, un premier tome mais avec une histoire complète (vu qu’il semblerait que la série s’axe sur un patient de l’auteur différent à chaque opus). En plus, j’aime bien ces petits récits intimistes qui plongent le lecteur dans le quotidien, sans grand tralala ni effet de manche, juste des moments de la vie empreints de beaucoup d’humanité. On découvre donc la vie de Marie, une femme moderne pour son époque, qui a décidé de vivre seule, de travailler, avec un métier qu’elle adore. Bien sûr, on sait aussi de suite que son histoire est presque terminée quand on la rencontre et que le dénouement sera inévitablement triste (eh oui, comme d’habitude, j’y suis allée de ma larmichette !) et pourtant, il y a beaucoup de luminosité et de positif dans le récit. On voit les relations entre médecin et patient, on voit qu’il est nécessaire pour les praticiens de conserver une certaine distance émotionnelle pour ne pas souffrir à chaque annonce grave. Et en parallèle, on découvre que l’opiniâtreté peut permettre de gagner quelques semaines supplémentaires avec Marie, une femme simple mais au caractère fort et courageux. Le graphisme est fin, agréable, avec des visages expressifs et des personnages aisément identifiables, et des décors soignés. Les couleurs évoluent au fil des chapitres et des périodes abordées, favorisant une palette limitée de teintes pour certains moments. L’ensemble est très homogène, le dessin servant le propos au plus près, restant humble et discret, comme Marie. Un beau récit émouvant et humain !

Les avis de Mo et Nathalie.