JazzmanDans la ville de New Story City, dirigée d’une main de fer par le maire Tony Scrump, les quartiers pauvres, où de nombreux bars musicaux animaient la vie nocturne, sont en train d’être détruits pour laisser place à l’uniformisation de la société, de la même façon qu’il n’y a plus qu’une seule radio à émettre dans la ville, celle de Scrump. Mais Edward Renard, un ancien barman, se retrouve à errer dans ces quartiers à l’abandon sans trop savoir ce qu’il fait là, jusqu’à ce qu’il rencontre Birdy Jones Carter, un saxophoniste dépressif qui lui remet en mémoire les rythmes jazzy d’une époque révolue. Le duo va se retrouver chez une ancienne amie de Birdy, Lady Taylor, une chanteuse, qui les charge d’une mission : escorter sa fille Billie pour qu’elle aille trafiquer l’émetteur de la ville de façon à couper les émissions radio qui hypnotisent la population …

Je n’avais pas lu le pitch de l’album donc je n’avais aucune idée de l’histoire et je l’ai découverte au fur et à mesure de ma lecture. Autant dire qu’au départ, j’étais aussi paumée qu’Edward qui ne sait pas ce qu’il fait dans cette ville et encore moins dans ces quartiers voués à la destruction ! Mais je me suis laissée porter par le déroulé des rencontres et des évènements, certains vraiment étranges comme avec cet homme couché dans la neige et agitant son bâton surmonté d’un crâne et qu’on retrouvera au fil des pages. Le graphisme en bleu, noir et blanc est moderne et légèrement brouillon, un peu comme les souvenirs des protagonistes qui semblent un peu brouillés par des ondes hypnotiques. Mais l’ensemble est dynamique, avec une découpe et des cadrages variés et a son propre caractère visuel affirmé, ce qui me plait bien. En plus, les personnages sont tous bien différenciés et certains ressemblent beaucoup à des personnes ayant existé (on aura le complément d’information à ce sujet en fin d’album). Si le début est un peu perturbant, j’ai trouvé qu’il était facile de s’attacher à ce trio improbable et leur quête fleure bon la musique. On pourrait parfois se croire à la Nouvelle-Orléans quand on parle du Old Square et du High District mais aussi à New York, avec le nom de New Story City et ses gratte-ciels, des endroits où les clubs de jazz sont (ou ont été) nombreux. Mais quand je reviens sur l’histoire proprement dite à l’occasion de la rédaction de ce billet, je réalise que le récit est vraiment basique et simple et sert surtout à mettre à l’honneur ce style de musique et de créer une ambiance. Bien sûr, on y parle aussi un peu de l’uniformisation de nos sociétés mais c’est juste survolé. Cela pourrait paraître un peu décevant mais pourtant le plaisir de lecture est bien là malgré tout ! A lire avec la playlist suggérée en fin d’album qui colle bien aux chapitres (mais pourquoi l’avoir mise à la fin et pas au début, ça me dépasse !).