Couleur d'asperge : le jour où j'ai découvert que j'étais Asperger ---- Drakja et Géry

Lusun a toujours eu du mal à s’intégrer à ses camarades à l’école. Dès le primaire, elle ne comprend pas pourquoi ils riaient parfois à ce qu’elle avait dit, pensant que cela était peut-être dû à ses origines, son père étant Français et sa mère Chinoise ou à son allure masculine qui n’avait pourtant aucune importance pour elle. Par contre, elle se sent bien quand elle joue avec son Rubik’s cube, dont le fonctionnement lui apparaît toujours prévisible et constant. Les choses ne s’améliorent pas au collège où ses raisonnements s’opposent souvent à ceux des professeurs mais elle arrive à tisser des liens amicaux avec Jérôme, qui sait s’adapter aux besoins de l’adolescente. Et puis un jour, le diagnostic tombe : elle souffre de troubles autistiques de type Asperger …

J’avais bien aimé La différence invisible qui expliquait bien ce qu’étaient les troubles Asperger et donc quand j’ai vu ce titre à la médiathèque, j’ai été intéressée, surtout que le scénariste souffre lui-même de ce syndrome et sait donc bien de quoi il parle et ce qu’il ressent. Le graphisme, très sobre, avec un aspect presque industriel et mathématique, m’a bien plu car il est reposant. C’est détaillé mais pas étouffant et les personnages sont expressifs. J’ai été un peu moins fan de la couleur pour la première partie, tout en monochrome orangé, alors que la seconde moitié, un monochrome bleuté, m’a mieux convenu car moins agressif à l’œil mais ce choix est logique et bien vu car il correspond à un basculement dans le récit et cela colle bien au ressenti de Lusun (orange quand elle est perdue et ne comprend pas trop le monde qui l’entoure et bleu quand ça commence à s’arranger grâce aux moyens mis en œuvre après le diagnostic). L’histoire commence alors que Lusun est en primaire puis la suit au collège, cette période étant non négligeable car elle représente, en plus d’Asperger, le passage dans l’adolescence qui n’est jamais facile pour personne. Et puis, on continue à l’accompagner à la fac et son entrée dans la vie adulte, avec un appartement pour elle seule et la mise en place de stratégies pour mieux appréhender ses troubles Asperger. On voit l’importance de sa famille et la compréhension qu’ont les parents et le frère de Lusun de ses problèmes. Mais il ne faut pas non plus oublier l’importance de l’amitié avec Jérôme, qui sera toujours à ses côtés et qui la soutiendra dans les moments les plus durs. J’ai trouvé qu’on voyait bien l’anxiété provoquée par les interactions sociales mais j’ai eu du mal à m’impliquer émotionnellement dans le récit. Peut-être est-ce dû au fait que Lusun elle-même n’y arrive pas non plus. Par contre, ce qui est effrayant, c’est de voir le temps que cela a pris pour poser un diagnostic ! Je suis d'accord pour dire que Lusun était enfant dans les années 1990 et qu’à l’époque, la communauté scientifique française connaissait moins bien ces troubles mais bon, cela aurait quand même dû être plus rapide ! Un dossier explicatif en fin d’album complète bien cette lecture éducative qui permet de mieux comprendre ceux qui souffrent de ce syndrome et éventuellement de les aider en se comportant de manière appropriée pour ne pas rajouter à leur anxiété.