Le choeur des femmes ---- Aude Mermilliod d'après Martin Winckler

Jean Atwood, interne en dernière année de médecine à l’hôpital de Tourmens, commence son ultime stage de six mois dans le service de gynécologie obstétrique du docteur Franz Karma. La jeune femme n’est pas enthousiasmée par la réputation du médecin ni par les femmes qu’elle va devoir examiner. Pour elle, qui ne jure que par la chirurgie et le moins de contact possible avec les patientes, ce sera plutôt un moment difficile à passer. Et quand elle assiste aux premières consultations menées par Franz, où celui-ci laisse les femmes parler librement de tout ce qu’elles désirent, Jean a dû à adhérer à ce système d’écoute et d’échange …

J’ai déjà lu des livres de Martin Winckler mais pas celui-ci et je dois dire que je n’en gardais pas des souvenirs extraordinaires. Je partais donc un peu hésitante dans cette adaptation, pensant que le dessin m’aiderait sûrement à mieux m’imprégner du récit. Effectivement, le graphisme est sobre mais réaliste, avec des couleurs plutôt douces et lumineuses et les personnages sont expressifs et bien reconnaissables (même si, à certains moments du récit, les docteurs à barbe se ressemblent un peu trop à mon goût). J’ai aimé la variété dans le découpage, le fait qu’il y ait la présentation de patientes sous forme de textes et la découpe en chapitres qui permet des pauses. Je ne sais pas comment est construit le roman mais avec l’album, il y a aussi un certain mystère concernant Jean dont le passé semble peser sur sa vie. Je trouve qu’on peut se douter rapidement de ce qu’il en est (et qui me semble en ce moment très à la mode ou alors c’est juste moi qui tombe systématiquement sur des albums qui abordent ce sujet). Je dois quand même dire que Jean m’a paru très agaçante au départ mais c’est voulu car il faut suivre son évolution et la découvrir, pour s’imprégner comme elle, des différents cas qu’elle rencontre et qui permettent d’affiner son point de vue et de l’ouvrir aux autres. On découvre donc des cas de violences conjugales, de viols, d’inceste, mais aussi des choses plus courantes comme les problèmes de contraception, les examens gynécologiques et la maternité, sans oublier la maladie. C’est varié et très émouvant, sans pathos, féministe dans le bon sens et Franz Karma est tout à fait le genre de docteur dont je rêve. Malgré la dureté de certains cas abordés, la lecture est fluide, facile, agréable et questionne sur le rôle des soignants (et plus particulièrement des médecins) et de la place de l’hôpital, qu’on voudrait parfois plus humain, plus tolérant et à l’écoute de ceux qui souffrent, quelle que soit cette souffrance.

Les avis de Gambadou, Stéphie.

Comments

[Gambadou]

C'est vrai que Jean est énervante au début, ce qui rend le médecin encore plus sympa !