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26 février 2023

Nettoyage à sec ---- Joris Mertens

NettoyageasecDans le milieu des années 1970, François, célibataire d’âge moyen, vit à Bruxelles et travaille comme livreur pour blanchisserie Bianca. Solitaire et parfois un peu tête en l’air, son principal plaisir est d’aller jouer ses numéros fétiches au Lotto, en validant sa grille chez la charmante Maryvonne, mère célibataire de la petite Romy. Le rêve de François serait de gagner le gros lot et de rendre heureuses la jeune femme et sa fille et qui sait, peut-être de fonder avec elles une famille. En attendant, après avoir prévu de revoir Maryvonne au café à la fin de la journée de travail, François, affrontant une pluie battante, découvre qu’il va devoir former un jeune gars à la livraison mais ce dernier a surtout obtenu ce poste grâce à ses liens de parenté avec la patronne de la blanchisserie. François apprécie peu ce jeune homme peu consciencieux mais il ne sait pas encore qu’une de ses livraisons va lui fournir une opportunité inattendue de vie meilleure …

Je n’avais strictement aucune idée du sujet de cet album, ayant juste été attirée par son grand format et sa couverture un peu mystérieuse : qui est cet homme au visage triste et que fait-il sur ces pavés ? Et pourquoi ce titre ? Pour la dernière question, on peut vite y répondre quand on découvre le métier de François mais j’ai trouvé de l’ironie dans ce choix de mots qui se réfèrent au travail mais qui contrastent avec la météo hyper pluvieuse de l’histoire et le fait que François passe son temps à moitié trempé car il oublie toujours son parapluie ! Cette pluie omniprésente est importante dans le récit à plusieurs niveaux mais surtout, elle plante une ambiance grise, plombée, qui gêne presque autant les lecteurs que les personnages de l’histoire. Le graphisme assez foncé, aux couleurs bien affirmées, m’a énormément plu : les décors sont superbes, avec un Bruxelles des années 1970 bien rendu (je ne connais pas la ville mais je l’imagine bien !) et une sensation qui ressemble presque à de l’étouffement avec ses bouchons, ses immeubles, ses rues encombrées, ses panneaux publicitaires omniprésents (avec un magnifique travail de recherche sur les marques de cette époque). Les scènes plus intimistes, comme celles au café Monica, sont plus claires, avec des vignettes plus petites (comparées aux grandioses doubles pages de décors) et aussi plus sobres, ce qui permet un peu de souffler dans la lecture, comme un moment de repos, ce qu’elles sont d’ailleurs pour François. On le suit donc dans sa vie quotidienne, sa préparation du matin, son passage au kiosque à journaux pour son Lotto, son arrivée au travail et les relations qu’il a avec ses collègues : c’est un personnage solitaire mais gentil, droit, consciencieux, apprécié de tous et je m’y suis attachée facilement. Comparé à son nouvel apprenti, qui est lui particulièrement désagréable, François apparait encore plus comme quelqu’un de bien qui mérite vraiment une vie meilleure mais qui sait qu’il a peu d’espoir à moins de gagner au gros lot. En plus, on le sent foncièrement timide par rapport à Maryvonne et peut-être qu’elle accepterait volontiers de faire évoluer leur relation mais François n’ose pas demander tant qu’il ne se sent pas à la hauteur d’un certain niveau de la jeune femme, qui, je pense, n’en demande pas tant ! Et puis, voilà l’évènement qui va tout faire basculer … mais je n’en dis pas plus. Je trouve qu’on peut comprendre facilement l’attitude de François mais je crois que j’aurais été plus méfiante que lui (mon côté parano aurait pris le dessus) mais là encore, sa réaction colle parfaitement au personnage. Du coup, le final est un peu amer, avec un nouveau rebondissement pour clore l’album et enfoncer le clou. Je dois dire que j’avais vu venir la chose (forcément, vu que j’aime l’humour noir) mais cela n’a pas gâché mon plaisir de lecture !

Les avis de Noukette, Meséchappéeslivresques et Yv.

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Commentaires
S
J'en garde un bon souvenir de lecture ;)
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