Automne en baie de Somme ---- Philippe Pelaez et Alexis Chabert

Alexandre de Breucq, un riche industriel à la politique très humaniste, est découvert assassiné sur un voilier échoué dans la baie de Somme. L’affaire étant sensible et de haute importance, le meilleur inspecteur de police de Paris, Amaury Broyan, pourtant encore perturbé par la mort de sa fille qu’il cherche à comprendre, est dépêché sur les lieux et chargé de l’enquête. La veuve ne semble pas vraiment éplorée, plus soucieuse de voir la succession des affaires de son époux, dont elle est l’héritière, se dérouler au mieux. Mais les recherches de l’inspecteur vont vite lui révéler que l’industriel avait une maitresse en la personne de la belle Axelle Valencourt, un modèle ayant posé pour de nombreux peintres parisiens dont Alfons Mucha …

Quelle superbe couverture qui annonce bien le style graphique et un des thèmes de l’album : pas de doute, on va forcément entendre parler d’Alfons Mucha ! Et du coup, on se doute que le récit va se situer entre la fin des années 1880 et le début des années 1900, la période parisienne de ce peintre. Et comme on va parler de son tableau Automne (d’où le titre), cela situe l’action en 1896. L’histoire policière commence de façon classique : avec un cadavre ! Ce riche homme d’affaire semble pourtant avoir une vie exemplaire, se souciant de ses ouvriers, leur rendant la vie la plus facile possible alors que son épouse, devenue donc veuve, semble plus intéressée par l’argent. Même la découverte d’une maitresse ne parait pas écorner la réputation du bonhomme quand on voit son épouse qui est plus effrayante que sensuelle alors que sa maitresse est une belle jeune fille posant comme modèle. En plus, sa relation avec un homme riche peut probablement l’aider à boucler les fins de mois. Mais les choses ne sont pas souvent ce qu’elles paraissent être ! Qui plus est, l’inspecteur chargé de l’affaire a lui aussi ses propres problèmes à résoudre : il veut comprendre pourquoi sa fille est morte. On a donc deux affaires pour le prix d’une ! Le graphisme est magnifique : le trait est fin, avec un côté rétro mais ce qui m’a le plus séduite, c’est le choix des couleurs lumineuses, qui rendent les aquarelles des décors grandioses. D’ailleurs, le Paris de cette époque est aussi un des personnages de l’album : les moulins de Montmartre, la construction du Sacré-Cœur, les cabarets, les ateliers des peintres, les maisons cossues … et j’en oublie. C’est un régal pour les yeux ! Mais le récit aux rebondissements parfois inattendus ne démérite pas un instant, faisant de cette lecture un petit moment de plaisir !