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1 avril 2023

La Maison Golden ---- Salman Rushdie

LamaisongoldenAlors que Barack Obama va prêter serment lors de son investiture, Néron Golden et ses trois fils s’installent dans la demeure Murray, une immense maison des Jardins, une résidence faites de maisons organisées autour d’un jardin privé dans le district historique Macdougal-Sullivan Gardens de Greenwich Village sur l’île de Manhattan. Parmi les témoins de l’arrivée de cette famille étrangère et mystérieuse, se trouve René, un jeune homme dans la vingtaine, vivant dans les Jardins chez ses parents universitaires, et qui rêve de devenir réalisateur pour le cinéma. Ces quatre personnages hauts en couleur lui fournissent alors l’idée d’une saga familiale bâtie autour des Golden, qui ont fui leur pays pour se reconstruire entièrement aux Etats-Unis. Mais pour Néron, un homme riche et puissant qui semble avoir l’habitude de voir tout le monde obéir à ses ordres, son passé trouble semble difficile à oublier. Quant à ses fils adultes, rien n’est vraiment simple pour eux malgré la fortune familiale : l’ainé Petronius, génie de l’informatique souffrant du syndrome d’Asperger, a du mal à affronter le monde extérieur qui l’effraie, le second Lucius Apuleius devient un artiste reconnu et adulé mais fréquente un monde intellectuel souvent hypocrite et le petit dernier Dyonisos, fragile, n’arrive pas à savoir s’il se définit comme un homme, une femme ou rien de tout cela et plonge dans les milieux bohèmes concernés par l’identité de genre …

Suite à l’agression de l’auteur lors d’une conférence en août 2022, le club lecture d’une de mes médiathèques a décidé de mettre à l’honneur cet écrivain, ce qui convenait à toutes les participantes vu qu’on s’était ainsi rendu compte qu’aucune ne le connaissait vraiment hormis par les actualités le concernant. Grande découverte pour toutes donc ! Hésitant devant toutes ses œuvres, j’ai opté pour ce titre parce que la couverture me plaisait beaucoup et le thème avait l’air à la fois intéressant et assez récent. Mais quand j’ai commencé cette lecture, j’ai été assez perturbée et un peu inquiète : avec la présentation rapide des Golden, on a plus la sensation d’être dans un conte que dans une histoire actuelle. Le narrateur, qui est donc René, l’apprenti scénariste/réalisateur, parle d’un pays lointain qu’on ne peut pas nommer, d’un roi sans couronne, avec beaucoup de références à différentes personnes célèbres et nous présente même la fin du récit avec le devenir de cette Maison Golden. Ce n’était ni fluide ni facile à lire et l’ensemble était assez déroutant car René intercale ses propres problèmes et questionnements au milieu de la présentation des Golden, de leur passé partiel et de leur vie actuelle. Ces descriptions sont limitées car René nous donne les infos un peu comme il les a reçues à l’époque : grâce à son amitié naissante avec la famille Golden, il commence à découvrir leur personnalité, les évènements les poussant à la fuite, leurs espoirs, leurs doutes. Le tableau s’étoffe peu à peu mais le rythme est quand même assez lent, l’auteur ayant une tendance à noyer ses lecteurs sous de nombreuses références en tous genres (films, livres, art, évènements historiques, personnages célèbres et j’en oublie), ce qui ralentit la lecture et peut même perdre le lecteur dans ces nombreuses digressions. Honnêtement, j’avais lu environ un quart du roman et je détestais ! Je me demandais où tout ça allait et si je finirais par jeter l’éponge, même si les sujets abordés étaient intéressants. Parce qu’il faut quand même dire que si l’auteur abuse des références (cela m’a souvent fait l’effet qu’il « étalait sa science »), il n’est pas non plus avare dans les thèmes qu’il aborde : famille, couple, identité de genre, maladie, argent, milieu de l’art (au sens large), milieu culturel universitaire ou bohème, société américaine mais aussi indienne, politique, milieu des gangs et de la mafia, et j’en oublie tellement ils sont nombreux. Cette abondance est peut-être un peu trop pour moi, me donnant parfois la sensation de lire un roman fourre-tout. Et puis, il y a eu un moment, probablement vers le milieu du livre (mais je ne peux pas définir exactement quand), où j’ai finalement bien accroché à l’histoire et où j’étais plutôt contente de retrouver le livre après chaque arrêt. Je pense que c’est le pressentiment de la tragédie à venir qui crée une tension faisant qu’on a envie d’en savoir plus, de continuer à lire. L’ensemble est loin d’être positif malgré certains moments plus joyeux et l’auteur fait une critique peu tendre de la société américaine n’épargnant personne et plus généralement de notre monde actuel car d’autres pays subissent aussi son analyse acerbe. Une lecture exigeante, difficile, avec plusieurs bémols mais aussi de nombreuses choses intéressantes, qui avait commencé sous de mauvais augures mais qui s’est révélée au final plutôt convaincante pour moi ! 

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