Couleur de peau : miel ---- Jung
Jung, l'auteur, est né en Corée en 1965 et vit dans la rue jusqu'à l'âge de 5 ans, jusqu'à ce qu'il soit amené dans un orphelinat Holt et proposé à l'adoption. Une famille belge, avec déjà 4 enfants, devient alors sa nouvelle famille et le jeune coréen se voit déraciné et doit intégrer un monde totalement différent …
Ce premier album autobiographique est vraiment très intéressant et très réussi. Jung y parle de son enfance en Corée (enfin, de ce qu'il se rappelle) et explique brièvement le fonctionnement des adoptions dans ce pays et pourquoi il y a tant d'enfants abandonnés. L'abandon et les sentiments qui en découlent représentent d'ailleurs une grande partie de l'album mais l'auteur n'a pas voulu faire de misérabilisme et je dois dire qu'il a réussi. De même, il raconte de façon amusante et sans pathos, la difficulté de s'intégrer dans une famille et dans une société nouvelle où il se sent différent et où certains lui rappellent constamment, de façon involontaire ou non, cette différence. Il n'a pas peur d'aborder des sujets durs ou intimes mais réussit à mettre à l'aise le lecteur, en conservant un côté léger grâce à l'humour. Le dessin noir et blanc, à l'effet crayonné, est très agréable à l'œil et sa simplicité met en valeur l'histoire et les sujets traités. A la fin, une interview vient compléter l'ensemble. Une lecture très instructive et très intéressante sur l'adoption, le déracinement, l'abandon, l'intégration et la différence.
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Edit du billet du 15 septembre 2008 :
Jung rentre maintenant dans l'adolescence avec tous les questionnements que celle-ci apporte. Les filles l'attirent mais il ne semble pas avoir de succès, il se sent parfois totalement étranger que ce soit à l'école ou dans sa famille et ne supporte pas vraiment de lier connaissance avec d'autres Coréens …
J'ai enfin réussi à mettre la main sur ce tome 2 et il était temps ! L'histoire était suffisamment puissante pour que je me rappelle clairement du premier tome mais je voulais absolument lire cette suite car les 2 albums forment un tout. Là encore, pas de misérabilisme, pas de pathos et toujours la découverte du parcours d'un enfant adopté au moment où il se pose encore plus de questions sur lui-même et sur ses origines, sur les raisons de sa présence dans sa famille et sur l'amour que celle-ci lui porte. L'humour est moins présent que dans le premier tome, on sent que le malaise est beaucoup plus profond. Le dessin noir et blanc est toujours magnifique et fait ressortir l'émotion de cette autobiographie vraiment très réussie.
Challenge Roaarrr : Prix BD Boum, prix Région Centre 2008.