Nos plus beaux souvenirs ---- Stewart O'Nan
Emily est veuve depuis peu. Henry, avec qui elle était mariée depuis plus de quarante ans, est mort d'un cancer et la laisse seule dans leur maison de Pittsburg. Leurs enfants, Kenneth et Margaret, ayant à leur tour fondé une famille, habitent loin et ils ne se voient que pour les grandes fêtes ou pendant les vacances d'été, dans le cottage familial situé au bord d'un lac dans le nord de l'état de New York. Emily trouve qu'elle n'a ni le courage ni les moyens financiers de continuer à entretenir cette résidence secondaire et l'a mis en vente. C'est donc le dernier été où toute la famille se retrouve au lac : Kenneth, incertain quant à sa vocation de photographe sans succès, Lise, sa femme, appréhendant de retrouver sa belle-mère, Margaret, qui vient juste de divorcer après être sortie d'une cure de désintoxication, leurs enfants s'entendant en général bien mais ayant leurs propres problèmes d'ados, Emily, qui compte disperser le contenu du cottage entre eux et Arlène, la soeur d'Henry, qui sent un peu comme la cinquième roue du carrosse …
C'est vraiment un livre étrange que celui-ci ! Il ne se passe pas grand chose hormis les scènes quotidiennes d'une vie familiale pendant les vacances et pourtant, il y a un charme certain qui se dégage des pages et qui m'a envoûtée pratiquement dès le début. Moi aussi, je me suis attachée à ce cottage, à cette famille où les non-dits sont nombreux, où chacun a ses secrets, ses désirs cachés, ses problèmes mais aussi ses souvenirs, souvent liés à cette petite maison au bord du lac. Malgré les tensions qui existent entre eux, cette dernière réunion avant la vente de cette maison où les habituels soucis quotidiens avaient tendance à disparaître car elle était un lieu de vacances avant tout, va les rapprocher, leur rappeler combien l'amour est là malgré des apparences parfois trompeuses. J'ai trouvé les personnages vraiment bien ciselés, tout en finesse, très humains, très réalistes, chacun étant tour à tour narrateur d'une petite ou d'une grande partie de l'histoire. La semaine qu'ils passent à Chautauqua est l'occasion d'un bilan personnel pour chacun, hormis les petits-enfants d'Emily, ancrés dans le présent comme tous les adolescents mais ils ne sont pas laissés de côté et l'auteur en profite pour soulever des problèmes qui paraissent plus actuels (même s'ils ne sont pourtant pas récents!) et plus axés sur des problèmes de société (homosexualité, difficultés pour les enfants de s'intégrer à l'école, changements physiques de l'adolescence). J'ai mis plus de temps qu'habituellement pour lire ce roman de près de 700 pages mais il faut croire que je ne voulais pas quitter ce cottage et cette famille et que je me sentais bien à partager une petite part de leur été !
L'avis de Keisha.