Speak ---- Emily Carroll et Laurie Halse Anderson

C’est la rentrée scolaire au lycée de Merryweather et pour Melinda, quinze ans, c’est un cauchemar qui commence. La jeune fille est devenue une paria depuis qu’elle a appelé la police lors d’une soirée entre jeunes pendant l’été. Rachel, qui était sa meilleure amie, ne lui parle presque plus et Melinda n’arrive pas à renouer les liens. Elle se referme de plus en plus sur elle-même, se disputant régulièrement avec ses parents, qui ne comprennent pas pourquoi ses notes empirent de jour en jour. La seule matière qui semble convenir à Melinda, c’est les cours de dessin et d’art où elle peut laisser parler ses sentiments mais même là, la jeune fille a du mal à s’exprimer sur ce qui s’est passé pendant l’été …

C’est le dessin noir et blanc tout simple mais efficace et très reposant qui m’a séduite quand j’ai feuilleté ce gros album. C’est l’adaptation d’un roman autobiographique de Laurie Halse Anderson que je ne connaissais pas du tout mais l’histoire m’attirait bien aussi, même si cela fait bien longtemps que j’ai quitté le lycée. Melinda, la narratrice, nous raconte sa vie quotidienne, qu’elle soit familiale ou au lycée mais c’est quand même à l’école que la majorité du récit se concentre. On découvre l’interaction entre les élèves, le comportement des professeurs et de l’équipe encadrante, les divers cours et activités et Melinda qui se débat, isolée et mal dans sa peau, au milieu de tout ça. C’est assez effrayant de voir comment les jeunes agissent entre eux, combien ils peuvent cruels et sans pitié … mais aussi sans initiative ni esprit critique. D’accord, Melinda a appelé la police lors d’une fête réunissant un grand nombre des élèves du lycée dans la maison de l’un d’eux mais personne ne semble s’être demandé pourquoi elle avait agi ainsi. Et comme Melinda est incapable de s’exprimer, tout le monde la tient pour l’irresponsable, celle qui est là pour embêter tout le monde. J’ai trouvé aussi effrayant de voir le comportement des parents de Melinda, assez absents et qui ne voient pas que leur fille a des problèmes … ils sont juste inquiets de voir sa moyenne baisser à toute vitesse. Le récit est divisé en chapitres suivant le déroulement de l’année scolaire : il y a des moments où tout semble aller mieux et d’autres où tout empire mais dans l’ensemble, Melinda est sur la pente descendante et on se demande où ça va s’arrêter ! Le dessin est subtil, réaliste mais avec de jolies touches de poésie, et un découpage varié où il y a parfois des cases, des bandeaux, des dessins pleine page … cela donne un rythme de lecture très facile et agréable. Le propos dénonce le comportement des gens en général, même si le thème se focalise sur un thème plus précis (et très facilement devinable … en plus, il est révélé dans la préface de l’auteure mais je vous laisse encore dans le mystère). J’avais un peu peur de découvrir une histoire un peu manichéenne alors que j’ai découvert une description juste et pudique des difficultés d’une jeune fille à qui personne ne tend la main pour l’aider à mettre des mots sur son traumatisme. Je trouve que c’est le genre d’album que toute jeune femme devrait lire pour rappeler qu’il n,e faut jamais se taire en cas de problème sous peine de voir ceux-ci prendre toute la place, que parler est nécessaire pour guérir mais c’est aussi une lecture indispensable pour toute personne qui ne sait pas forcément comment aider car elle aide à comprendre ce que certaines peuvent vivre. Enfin bref, en fait, c’est un album qui devrait être lu par le plus grand nombre !

Les avis de Meséchappéeslivresques, Antigone, Stephie.