Les enfiévrés ---- Ling Ma
La fièvre s’est répandue partout dans le monde. Cela a commencé par quelques cas isolés éparpillés un peu partout et aucun traitement n’a été trouvé. Les enfiévrés n’ont plus de réaction, ils continuent d’effectuer mécaniquement et sans cesse des activités auxquelles ils étaient habitués sans se rendre compte de rien, jusqu’à épuisement et mort. Mais certains semblent immunisés contre ce virus. Parmi les survivants, il y a Candace, fille d’immigrés chinois, orpheline et qui travaillait dans une maison d’édition à Manhattan, à produire des Bibles de différents types. Après avoir continué à aller au travail malgré la déliquescence qui s’est emparée de la ville, elle a fini par rejoindre un groupe se dirigeant vers le Centre, une sorte de communauté située près de Chicago …
Je suis encore et toujours plongée dans des histoires post-apocalyptiques car j’ai toujours aimé ça, que ce soit en romans, en BD ou en films ou séries. Ce titre-là, bien qu’écrit et publié en 2018, colle plutôt bien à l’actualité avec l’apparition d’un virus mystérieux « zombifiant » les gens qui deviennent des robots et finissent par mourir car ils répètent inlassablement les mêmes tâches sans se soucier de rien (et entre autres, de manger). Cela peut paraître assez horrible mais l’absence soudaine de conscience de soi (et aussi semble-t-il de douleur ou d’émotion) rend ce genre de mort plutôt douce sauf pour les survivants qui voient les être aimés tomber malades. Il n’y a pas d’explication, pas de développement plus avant concernant la pandémie. Candace, l’héroïne narratrice, est épargnée par la maladie et comme elle a déjà perdu ses parents avant le déclenchement de l’épidémie, elle est plutôt seule, surtout qu’elle a rompu depuis peu avec son petit ami. Au mieux, elle n’a donc que quelques collègues en lien avec son travail et la ville de New York en toile de fond, qui lui a donné matière à créer un blog photo. Le récit alterne les souvenirs de Candace et sa vie actuelle, avec le petit groupe de survivants qu’elle a rejoint par défaut car elle ne savait pas trop quoi faire d’autre. Côté moment présent, ce groupe s’est organisé, ils se connaissent depuis un certain temps et Candace se sent comme un élément rapporté et a du mal à s’intégrer. Qui plus est, le meneur ressemble assez à une sorte de gourou qui tient à diriger tout le monde. Quand il s’agit des passages sur le passé, certains sont intéressants car ils parlent de la vie en Chine, que ce soit quand Candace était jeune (vu qu’elle est née en Chine avant d’arriver aux USA alors qu’elle était enfant) ou quand elle y est retournée dans le cadre de son travail pour superviser la fabrication et l’impression de bibles. On découvre aussi ses parents, leurs motivations pour partir aux Etats-Unis, la famille restée au pays, la vie de Candace à New York et la déliquescence progressive de la société américaine et plus précisément de la ville touchée par le virus. Mais j’ai trouvé difficile de m’attacher à Candace : elle reste repliée sur elle-même dans le groupe de survivants mais le personnage est aussi replié sur lui-même en tenant à distance les lecteurs. Elle semble n’avoir aucune émotion profonde, semble voguer sans attache, en suivant le courant où il l’entraine, de façon passive. En plus, la fin m’a laissée le bec dans l’eau car cette fin ouverte qui laisse dans l’expectative ne m’a pas trop convenu ... j’aime les fins ouvertes mais là, on cherche quand même un peu les pages suivantes sans en trouver ! C’est presque comme si l’auteure s’était arrêtée d’écrire un soir et qu’ensuite, elle avait oublie son roman dans un coin ! Un peu déçue donc !