Ten days in a mad-house ---- Nellie Bly
En septembre 1887, alors qu’elle vient juste d’être embauchée par le New York World, son rédacteur en chef lui demande de s’infiltrer dans un asile d’aliénés pour ensuite rédiger un reportage juste et vrai des conditions de vie des malades et la façon dont sont gérés ces établissements. Celui choisi est situé sur Roosevelt Island, le Blackwell Island Insane Asylum et la jeune femme, sous le pseudonyme de Nellie Brown, commence par s’installer dans une pension pour ouvrières dans la Seconde Avenue, se faisant passer pour une jeune Cubaine fraichement arrivée et cherchant du travail mais donnant des signes de folie en semblant effrayée par les personnes autour d’elle et refusant de dormir. En moins d’une journée, Nellie est présentée à un juge qui, malgré sa pitié, l’envoie à l’asile pour qu’elle y soit diagnostiquée et soignée …
Comme mon chéri avait lu ce livre il y a quelques semaines, il fallait que je m’y attaque à mon tour, surtout qu’on avait aussi acheté la BD qui est adaptée de ce récit. Et puis, j’avais envie d’une lecture plus courte que d’habitude et cela correspondait à mes attentes. Je connaissais déjà l’auteure depuis plusieurs années car elle fait partie des premières journalistes d’investigation féminines et est donc un personnage important du mouvement pour l’égalité des sexes (sans oublier qu’elle a rejoint le National Women’s Hall of Fame en 1998, quand on vivait aux USA donc on en avait entendu vaguement parler). C’est vrai qu’il faut un courage certain pour accepter de se faire passer pour folle dans le but d’intégrer un asile comme patiente. A l’époque, ce ne devait pas être très compliqué pour y rentrer quand on était une femme mais nettement plus dur et compliqué pour en sortir et d’ailleurs, on sent une petite pointe d’inquiétude de ce côté-là chez Nellie Bly. On suit donc son parcours : comment elle a été amenée à se lancer dans ce reportage, comment elle s’est organisée, comment les femmes célibataires vivaient à New York avec les pensions pour les travailleuses et le parcours juridique pour se faire interner (très bref et très effrayant). Ensuite, on entre dans le vif du sujet ! Et si on trouvait déjà inquiétant de voir comment les choses se déroulaient en dehors de l’asile, cela devient encore plus terrifiant : les conditions de vie sont horribles, les médecins totalement indifférents, voire même de mauvaise fois, les infirmières sont à peine humaines, les patientes loin d’être folles mais tout est fait pour qu’elles le deviennent et sinon, vu le froid et la faim, elles ont toutes les chances de tomber malades. C’est à la fois intéressant et révoltant ! L’écriture est simple, journalistique, pragmatique, sans fioriture, même si j’ai parfois trouvé quelques répétitions dans la narration. Le reportage se termine par le bilan des choses qui ont été modifiées suite à la publication de l’article et qui permet de clôturer le récit sur une note plus positive car il y a effectivement des améliorations, même minimes. Mon exemplaire du livre comprend aussi deux petits témoignages de l’auteure : elle a infiltré une société de placement de femmes cherchant un travail dans des maisons de particuliers tels que nurses, femmes de chambre, lavandières et autres en essayant d’obtenir un poste tout en observant comment tout ce système fonctionnait et elle a travaillé comme ouvrière dans une usine de conception de boites en carton employant des femmes, travail qui lui a permis de découvrir les conditions de travail et les postes proposés aux femmes, ainsi que leurs conditions de vie avec un salaire d’ouvrière. Une découverte passionnante qui nous fait d’autant plus apprécier l’évolution positive de la condition féminine depuis cette époque, même si on est loin d’avoir atteint la perfection !
*Lu en anglais*
Titre français : 10 jours dans un asile
L'avis de Praline.