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11 novembre 2022

L'équilibre du monde ---- Rohinton Mistry

Lequilibredumonde

HEARTS2

 

 

 

 

Inde, 1975. Ishvar et son jeune neveu Omprakash, tous les deux tailleurs, sont dans le train reliant leur petit village à la grande ville où ils espèrent trouver du travail. Ils font la rencontre d’un jeune homme, Maneck, qui a lui aussi quitté son village des montagnes du nord du pays pour venir étudier à l’université. Le hasard veut que les trois hommes se rendent chez Dina, une veuve louant une chambre à Maneck et devant trouver des ouvrages à réaliser aux deux tailleurs. Mais tant qu’ils n’ont pas encore touché leur premier salaire, se loger va être compliqué pour Ishvar et son neveu, surtout dans une ville où la pauvreté fait rage et à un moment où le gouvernement indien s’apprête à prendre des mesures radicales en proclamant l’état d’urgence …

C’est un roman compliqué à résumer parce qu’il couvre tellement de périodes et de personnages qu’on ne peut pas parler de tout en quelques lignes. Si on commence en 1975, il y a aura des flashbacks remontant à l’époque où l’Inde n’était pas encore indépendante, donc avant 1947 et le récit se terminera en 1984. En plus de voyager dans le temps, on voyage aussi dans le pays, passant de la grande ville (qui est probablement Bombay ou New Delhi vu que le lieu n’est pas nommé) à un petit village isolé dans le centre du pays et un autre village, cette fois dans les montagnes du nord du pays, non loin de la frontière avec le Pakistan. L’auteur va nous raconter l’histoire de l’Inde à travers des personnages tous différents mais qui ne font pas partie des classes aisées du pays. Ishvar et son neveu ont réussi à sortir de leur caste d’intouchables, passant du métier de tanneur à celui de tailleur. Dina est veuve mais a toujours refusé de vivre chez son frère qui, lui, a plutôt réussi sa vie et a un bon métier. A travers elle, on apprend des choses sur la condition féminine de cette époque. Devenue couturière et ayant exercé différents métiers, sa vue déficiente ne lui permet plus de travailler suffisamment pour gagner de quoi vivre, c’est pourquoi elle doit louer une chambre à Maneck. Celui-ci, étudiant, devrait reprendre le commerce de son père dans son village natal mais celui-ci n’est plus très florissant car son père n’a pas voulu moderniser son affaire. On va aussi découvrir le monde des castes et l’organisation sociale d’un village, le monde des mendiants, les bidonvilles, les agissements du gouvernement et de la police et on peut dire sans aucun doute que l’auteur ne porte par Indira Gandhi dans son cœur ! Pour moi qui était trop jeune pour savoir ce qui se passait dans ce pays à cette époque, j’avais quand même la sensation de cette Premier Ministre était plutôt bien vu par les Occidentaux en général mais après cette lecture, je ne la vois plus du tout de la même façon. Pourtant, je me rappelle quand même cette histoire de stérilisation plus ou moins forcée et malgré mon jeune âge (je devais avoir 11 ou 12 ans), je trouvais quand même hallucinant qu’on propose aux gens d’aller se faire stériliser en échange d’un poste de radio ou de toute autre chose tout aussi ridicule en comparaison à l’opération réalisée. Si le début est un peu perturbant, le temps de s’habituer aux personnages, à leur nom et à leur histoire, je m’y suis très rapidement attachée. Ils ont tous des défauts et des qualités mais leur humanité, leurs espoirs, leur ténacité devant les épreuves (et elles sont nombreuses et douloureuses !), leur entraide, font qu’ils m’ont marquée profondément. Il y a énormément de rebondissements, des moments de légèreté et d’autres de terrible misère et de violence qui m’ont révoltée et ulcérée. On pense parfois que cela ne peut pas être pire mais l’auteur arrive toujours à faire descendre ses personnages un peu plus bas dans l’horreur. Et pourtant, l’impression générale qui m’est restée n’est pas négative et je n’ai pas ressenti l’ensemble comme une lecture plombante alors que cela pouvait aisément l’être. L’auteur a réussi le même équilibre dans son dosage que les protagonistes qui font un numéro d’équilibriste entre survie et déchéance totale. Cela donne au final un roman pour lequel je n’avais pas forcément une grande attirance et qui m’a énormément plu. C’est sûr que je m’en rappellerai encore dans vingt ans ! 

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