Soixante printemps en hiver ---- De Jongh et Chabbert

Josy fête ses 60 ans en famille, au côté de son mari, leurs deux enfants, Stéphanie et Martin et leurs petits-enfants. Mais au moment de souffler les bougies du gâteau, Josy déclare de but en blanc qu’elle part. Elle prend sa petite valise déjà prête, monte dans le vieux van familial et décide que, s’il démarre du premier coup, c’est qu’elle prend la bonne décision. Elle se dirige alors au hasard, se retrouvant sur un parking isolé où une caravane est déjà installée : c’est celle de Camélia, mère célibataire en galère, et son petit garçon Tommy. Les deux femmes vont vite tisser des liens d’amitié et Camélia suggère à Josy d’assister à la réunion d’un club de célibataires lancée par une divorcée chez qui elle effectue des ménages …

J’avais tellement aimé Jours de sable que j’étais impatiente de lire ce titre. Hélas, quelle déception ! Tout d’abord, je n’y ai pas vraiment retrouvé le style graphique qui m’avait tant plu mais il faut dire que ce ne sont pas les mêmes décors. La ville est sûrement moins visuelle que le Dust Bowl américain et surtout beaucoup plus banale. Quant aux personnages, ils sont bien réussis quand même, très expressifs et reconnaissables. Le choix des couleurs douces aux tons pastels est bien agréable pour les yeux. En fait, je ne peux pas vraiment dire que l’album a des défauts côté dessins car l’ensemble est sympathique et homogène, avec tout ce qu’il faut où il faut. C’est plutôt côté histoire que j’ai tiqué. Le récit commence de façon un peu abrupte, sans réel contexte : on découvre Josy en train de fêter son anniversaire et qui décide de quitter le foyer familial sans explication. Difficile alors de la trouver sympathique et de se positionner de son côté vu qu’on ne sait rien de son histoire (mais en même temps, on ne se positionne pas non plus dans l’opposition). J’aurais sûrement préféré avoir une idée de son passé qui expliquerait ce départ, même si cela restait uniquement sa propre vision du couple qu’elle formait avec son mari. Là, on se dit que le mariage n’a pas dû bien se passer et qu’il n’y a plus ni amour ni tendresse entre eux, alors que cela ne saute pas aux yeux quand on voit l’attitude de son mari. J’ai donc trouvé Josy peu sympathique et avec aussi des torts de son côté : sans parler et communiquer, comment peut-elle résoudre d’éventuels problèmes ? Ensuite, l’histoire opte pour le côté gentillet avec de belles rencontres, qui paraissent improbables dans la réalité car je n’ai pas eu la sensation du passage du temps dans le récit : il semble concentré sur au mieux quelques semaines et le genre de liens décrits dans le récit me semble nécessiter beaucoup plus temps pour mûrir. En plus, Josy se place un peu en victime, se trouvant « harcelée » par ses enfants qui lui demandent de rentrer ou tout au moins de s’expliquer. C’est aussi une chose qui n’a pas aidé à m’attacher à Josy. Quant à la fin, on comprend un peu mieux les motivations de Josy sans pour autant l’exempter de ses propres responsabilités dans l’affaire. On croirait qu’elle est d’une génération beaucoup plus vieille que son âge, comme si elle s’était mariée dans les années 1950 alors que ce n’est pas le cas, ce serait plutôt dans les années 1980 alors elle aurait largement pu s’affirmer bien avant. Du coup, ce qui se voulait un portrait de femme libre qui finalement décide d’assumer ses choix est tombé totalement à plat avec moi ! Seul le dessin a sauvé l’album d’une sensation de lecture peu satisfaisante !

Les avis de Noukette et Meséchappéeslivresques.