Les yeux perdus ---- Tumburús et Agrimbau
Quelque part en Europe, pendant la première guerre mondiale, en 1917. Les combats ont dévasté la région et un soldat polonais blessé erre, perdu en forêt, quand il rencontre deux enfants, Ofelia et son jeune frère Otto, équipés de masques à gaz et d’une brouette, probablement à la recherche de nourriture et de bois. Les deux gamins proposent au soldat de l’héberger temporairement à l’institution où ils vivent. A leur arrivée, ils sont accueillis par Maurice, le fils du directeur de cet orphelinat, qui offre à son tour le gite et le couvert au soldat et l’invite à passer à table car c’est déjà l’heure du diner …
S’il n’avait pas été dans les nouveautés de la médiathèque, je ne suis pas sûre que j’aurais repéré ce titre de deux auteurs argentins alors que j’ai pourtant déjà lu un autre album du scénariste (L’humain) et un du dessinateur mais qui n’avait alors œuvré que comme coloriste (Scénario catastrophe). Je dois dire que dans les deux cas, cela n’avait pas été des lectures marquantes ! Par contre, quand j’ai su qu’il s’agissait cette fois d’une histoire d’horreur (l’accord parental pour les moins de 16 ans est d’ailleurs demandé lors de l’emprunt à la médiathèque), j’ai foncé ! J’ai tout de suite bien accroché avec le graphisme tout en finesse avec des personnages aux allures variées, allant des formes rondes aux silhouettes tout en angles et les décors sont magnifiques. On sent un lieu qui a dû être riche et plutôt agréable à vivre mais qui, avec la guerre, a été laissé à l’abandon par manque de moyens et la nature autour est sauvage et peu accueillante. Les aquarelles aux couleurs douces contrastent avec la violence du conflit et la dureté de la vie en temps de guerre. Et puis, il y a l’histoire en elle-même, qui n’est pas tendre ! En fait, cela pourrait en choquer plus d’un mais dès la page deux, j’ai su où le récit allait se diriger car cela me paraissait évident et logique. Le climat d’angoisse s’installe donc très rapidement, avec la peur omniprésente et puis, il y a aussi les poupées qu’on voit sur la couverture et qui ont perdu leurs yeux mais je n’en dirai pas plus à ce sujet car en plus de l’horreur, il y a aussi une dimension fantastique bienvenue et qui s’insère bien dans le récit. En plus, comme je n’ai jamais été très fan de poupées (je trouve que beaucoup font peur !), c’était bien choisi et en rapport avec les enfants. La tension va crescendo au fil des pages jusqu’au dénouement, qui évite le piège de la facilité et du politiquement correct tout en évitant le noir absolu. Un petit régal pour qui aime ce genre d’histoire comme moi ! Anecdote amusante au sujet de l’album depuis ma lecture : je l’ai trouvé dans une enseigne de vente nationale bien connue au rayon …. humour … je crois qu’il y en a qui risquent d’être surpris s’ils s’attendent à se marrer !!!!!!