Sprague ---- Rodolphe et Roman
La vie quotidienne de la ville de Goëm est perturbée depuis la disparition de Loëfen la seconde lune de la planète. Puis la mer a commencé à reculer de plus en plus loin lors des marées jusqu’à ne plus revenir et depuis, les habitants sont inquiets. Les deux expéditions parties à la recherche de l’eau ne sont jamais revenues et la survie va devenir problématique si la mer ne revient pas. Pour Niels, un excellent grimpeur, et son frère Vivian, un sondeur hors-pair, malgré les liens qu’ils ont tissé avec deux des femmes de la ville, il est hors de question d’abandonner leur lieu de résidence et ils décident donc de lancer une nouvelle expédition à la recherche de la mer …
S’il n’avait pas été sélectionné pour mon club lecture spécial BD de décembre, je pense que je serais passée à côté de cet album. Je ne suis pas particulièrement attirée par la couverture qui m’évoque beaucoup le genre de récit qu’on pouvait découvrir dans les années 1980-1990 et donc assez classique avec un mélange science-fiction tendance fantasy (dans le style Les eaux de Mortelune). Je connais d’ailleurs le scénariste avec sa série Les écluses du ciel, que j’ai lue il y a bien longtemps (j’avais plutôt bien aimé d’ailleurs mais depuis, mes goûts ont un peu changé). Je suis donc partie un peu à reculons dans cette lecture qui plonge le lecteur directement dans un monde lointain, où une planète à deux lunes mais au final assez similaire à la Terre, a vu disparaitre ses mers … enfin, au moins celle qui concerne la ville de Goëm, où nos héros vivent. Les choses sont quand même subtilement différentes par rapport à notre planète : les plantes ont des noms similaires à celles qu’on connait, les noms des points cardinaux sont eux aussi légèrement modifiés (North ou Houest par exemple) et le paysage parait bien sec vu que la mer a disparu, provoquant aussi la raréfaction des pluies. Le graphisme est donc à l’avenant : les couleurs sont solaires mais douces et le trait est tout en finesse. Les décors sont bien réussis et les personnages assez classiques et bien typés, même si certaines de leurs occupations le sont moins. Vivian est sondeur : il plante des tubes dans le sol pour y détecter l’humidité et il n’y a rien d’étonnant là-dedans. Mais Niels est grimpeur : il se hisse le long d’échelles qui relient des sortes d’énormes cerfs-volants qu’il déploie de façon à aller de plus en plus haut et bien observer l’horizon à la recherche de l’eau. Cette activité est nettement plus surprenante et m’a beaucoup plu. Sinon, l’ambiance générale évoque un monde un peu hors du temps, mélange de passé et de futur : les bateaux sont à voile, comme dans les années 1500-1600 mais sont équipées de roues vu qu’il n’y a plus la mer pour les porter. A noter la présence d’un perroquet à mi-chemin entre l’oiseau et le robot, que j’ai forcément beaucoup aimé. Le récit sera essentiellement la quête de cette eau aux confins de cette planète avec des aventures en chemin et une conclusion un peu inattendue sous certains aspects. Au final, malgré mes réticences, je me suis laissée entrainer aux côtés de Niels et Vivian avec plaisir !