Idiss ---- Richard Malka et Fred Bernard d'après Robert Badinter

1890, dans un shtetel, une petite bourgade juive de Bessarabie, non loin de la frontière roumaine, vit Idiss, une jeune mère de deux jeunes garçons. Elle vit seule avec ses enfants dans la famille de son époux Schulim, qui est enrôlé dans l’armée du Tsar depuis cinq ans. Pour survivre, elle vend les broderies qu’elle fait mais finit par accepter la proposition d’Arcadi de passer illégalement du tabac à la frontière. Après avoir été arrêtée et avoir négocié ses passages de façon officieuse avec les autorités locales qui connaissent ses difficultés financières, Idiss est submergée de bonheur quand Schulim finit par rentrer à la maison. Malgré une vie heureuse et sans histoire, la multiplication de pogroms forcent les deux fils d’Idiss et Schulim, devenus adultes, à fuir le pays à destination de la France, où ils construiront leur propre famille, avant de voir Idiss et Schulim arriver à leur tour …

Je sais que cet album a été tiré du livre de Robert Badinter dans lequel il raconte l’histoire de sa famille et plus précisément de sa grand-mère maternelle, Idiss mais comme je ne l’ai pas lu, je ne sais pas si c’est fidèle au livre. En plus, je ne connaissais pas du tout les origines de cet homme politique et je les ai donc découvertes avec cette lecture. Ce qui m’a sauté aux yeux et qui a totalement charmé, c’est tout d’abord le dessin crayonné. C’est coloré, simple et naïf tout en n’oubliant aucun détail dans les décors et les personnages et on a vraiment l’impression d’être dans un pays de l’Europe de l’Est à tendance slave car ce style graphique évoque sans nul doute l’art de cette région. Le récit suit donc la vie d’Idiss jeune mariée à Schulim et à travers son parcours, on suit ses fils et sa fille qui sont partis en France et qui vont eux aussi bâtir leur famille jusqu’à l’enfance du jeune Robert et l’occupation allemande pendant la seconde guerre mondiale, qui montre que la fuite de la Bessarabie (qu’on appelle maintenant la Moldavie) vers la France à cause des pogroms n’était finalement pas suffisante pour être hors de portée de la barbarie. Le courage d’Idiss et l’amour qui règne dans sa famille lui ont permis de traverser de nombreuses difficultés et il y a aussi une certaine nostalgie pour une époque, au début du 20^ème siècle, où les plaisirs étaient simples et la vie plus paisible, même si on sent les dangers se profiler à l’horizon. C’est un joli hommage d’un homme à sa grand-mère mais aussi un témoignage à hauteur d’homme d’une époque souvent agitée. Après cette lecture que j’ai beaucoup aimé, j’espère avoir l’occasion de lire le livre !

Les avis de Meséchappéeslivresques, Aproposdelivres, Stéphie, Nathalie, Yv.

Comments

[Gambadou]

Je l'ai lu aujourd'hui. Même avis que toi et bien envie aussi de découvrir le livre