La bombe ---- Alcante et Bollée et Rodier

En 1933, à Berlin, alors que le régime fasciste d’Hitler, le nouvel homme au pouvoir en Allemagne, Leo Szilard, d’origine hongroise et juif, se prépare à quitter le pays, malgré son poste de professeur en sciences physiques à l’université et ses recherches en cours. Il sent qu’une guerre mondiale se profile à l’horizon. En 1938, c’est le scientifique italien Enrico Fermi qui s’apprête lui aussi à émigrer aux Etats-Unis alors qu’il va recevoir le prix Nobel de physique pour ses travaux sur la radioactivité. En 1939, les deux hommes se rencontrent à New York car Szilard veut démontrer qu’il est possible de créer une réaction en chaine dans la fission atomique et qu’elle pourrait être contrôlée mais Fermi n’est pas intéressé par le projet, qu’il estime trop long à développer dans le temps. Mais alors que la guerre devient inévitable, les travaux de Szilard vont intéresser l’armée américaine, tandis que d’autres pays se penchent eux aussi sur la question …

Véritable pavé mais petite merveille, ce roman graphique n’a que des qualités ! Et pourtant, quand il est paru, je n’étais pas vraiment intéressée outre mesure par le sujet. C’est sûr qu’il a été abordé de nombreuses fois, dans des reportages, des films, des livres et des articles de presse et peut-être que cette pléthore de matériel autour de cet événement mélange science et Histoire ne me donnait pas envie de me plonger dans un roman graphique de plus de 400 pages (plutôt même assez proche des 500). Mais tout ce que j’avais pu lire à son sujet le portait aux nues ! Du coup, je me suis décidée à le lire, pensant aussi que c’était le genre d’album qui plairait à mon chéri (et en général, on fait souvent des lectures communes quand il s’agit de BD). Et puis, je devais quand même avouer que je connaissais peu l’histoire autour de la création de la première bombe atomique. Après avoir tourné la dernière page, je comprends maintenant pourquoi les critiques étaient si élogieuses ! Tout d’abord, il y a ce graphisme noir et blanc de toute beauté, qui allie détails et sobriété : il y a tout ce qu’il faut mais juste ce qu’il faut et le réalisme du trait est indispensable (cela permet aussi de bien reconnaitre et identifier tous les personnages !). Le découpage alterne aussi le classicisme des cases avec des plans plus larges, des dessins pleine page. Cela donne un rythme et une intensité au récit. Le récit est hyper documenté, tant au niveau scientifique (en restant abordable quand même) qu’au niveau des évènements, de la chronologie et des protagonistes. Mais c’est forcément mieux qu’un livre d’Histoire car les auteurs abordent le sentiments de leurs personnages (qu’ils ont pu découvrir à travers des livres ou des interviews de l’époque) et moi, quand l’émotion est présente, je m’attache à l’histoire et la vit comme si j’y étais. Il y a aussi une famille japonaise, fictionnelle mais représentant tout ce peuple. J’ai trouvé l’ensemble passionnant et même si on sait ce qui va se passer, la tension est présente tout au long de la lecture. Les auteurs ont fait un travail formidable et posent aussi la question sur la justification de la bombe atomique : les travaux auraient-ils dû être stoppés, l’utilisation de la bombe aurait-il pu être évité, est-ce que cela a vraiment arrêté la guerre et limité le nombre de morts, fallait-il impliquer plus les scientifiques dans les décisions militaires … et j’en oublie mais c’est sûr qu’à la fin de cette lecture, on se pose de nombreuses questions ! Un album qui a nécessité un travail titanesque et que j’ai trouvé plus qu’excellent malgré ma tiédeur du départ ! 

L'avis de Mo.

Comments

[tadloiducine]

Ce qui concerne la famille japonaise est ce qui m'a le moins intéressé. Je préférais le côté "factuel" concernant la marche à la bombe...

Je pense qu'il aurait pu y avoir moyen de faire un second album, montrant le côté "futures victimes" (un peu comme ce qu'a fait Clint Eastwood autour d'Iwo Jima, au cinéma?).

(s) ta d loi du cine, "squatter" chez dasola