Canalblog Tous les blogs Top blogs Littérature, BD & Poésie
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
MENU
La bibliothèque du dolmen
Publicité
Derniers commentaires
7 avril 2023

Goodnight Paradise ---- Joshua Dysart et Alberto Ponticelli

GoodnightparadiseVenice Beach et sa célèbre plage bordée par sa promenade et ses boutiques est en train de changer. La gentrification de ce quartier, qui accueillait hippies, surfeurs, sportifs bodybuildés, SDF, rappeurs et toutes autres personnes ne correspondant pas aux normes habituelles de la bonne société américaine, est en cours avec l’arrivée d’un géant d’Internet et ses cadres bon chic bon genre. Pour Eddie, qui est à la dérive depuis longtemps, Venice Beach est sa maison et il y a ses petites habitudes et ses amis, passant le plus clair de son temps à trainer et à boire des bières. Alors qu’il ne sait pas s’il doit revoir son fils, qu’il a perdu de vue depuis plusieurs années mais qui a demandé à le voir lors de son passage dans la région de Los Angeles, Eddie découvre un matin le corps d’une jeune femme sans abri dans une poubelle. Il l’avait précédemment aperçue, agitée et perturbée, en compagnie d’un chien peu commode et s’en veut un peu de ne pas l’avoir aidée à ce moment-là. Il n’a alors qu’une seule idée en tête : trouver ce qui lui est arrivée et obtenir justice pour elle …

Ce n’est pas toujours facile de trouver en médiathèque des comics one-shot traduits en français, même si leur nombre ne cesse de grandir, alors quand j’en trouve un, je n’hésite pas une seconde et je ne regarde même pas le sujet ! En plus, avec ce titre aux accents désenchantés et cette couverture attirante en ce temps d’hiver très gris (même si ce n’est pas la fête pour ce pauvre palmier !), ça ne pouvait qu’être une bonne surprise ! Je ne sais pas ce qu’est devenu le quartier de Venice Beach de nos jours et s’il est en train de devenir boboïsé mais je l’ai connu du temps de sa splendeur en marge de la société bien pensante, à la fin des années 1990 et j’avoue que j’aimais beaucoup cette ambiance détendue, bohème, libre, tolérante et ouverte. Ici, on en a un petit aperçu à travers les yeux d’Eddie, qu’on suit tout le long de son enquête sur la mort de la jeune Tessa. Bien sûr, la vie des SDF n’est pas facile à cause de la précarité, du danger omniprésent, de l’abus de substances diverses allant de l’alcool à la drogue et des problèmes mentaux, mais il y a une certaine forme de solidarité entre eux mais aussi avec quelques policiers municipaux bienveillants. Tous ces sans-abris ne sont pas arrivés là par hasard : leur parcours de vie, leurs traumatismes les ont poussés en marge de la société et on sent bien qu’un retour n’est ni possible ni voulu. C’est un sujet qu’on voit peu abordé dans les bandes dessinées, surtout quand le récit se passe de nos jours. J’ai trouvé que les auteurs avaient particulièrement réussi à décrire ce monde qu’on ne voit pas parce qu’on ne veut pas le voir, qu’on préfère l’ignorer. En plus, ils abordent aussi les mutations de nos sociétés actuelles, avec une sorte de lissage, d’unification des façons de vivre, ce qui parait quand même un peu effrayant car cela supprime toute individualité affirmée. Ces sujets de fond sont portés par une enquête policière mais menée par un SDF attachant et décidé malgré les risques qu’il y a à remuer les choses car tout n’est pas clair au paradis ! Le graphisme est soigné, tout en finesse de trait et en visages expressifs, avec un découpage dynamique et varié, des décors vivants et des couleurs lumineuses comme le soleil californien. Le destin tragique de ces personnages m’a tenue en haleine et m’a aussi fait verser quelques larmes et m’a donné envie de découvrir les autres titres de ces auteurs.

Publicité
Commentaires
La bibliothèque du dolmen
Publicité
La bibliothèque du dolmen
Publicité
Newsletter
Visiteurs
Depuis la création 377 461
Publicité
Publicité