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19 avril 2023

In waves ---- A.J. Dungo

InwavesRien ne prédestinait A.J. à faire un jour du surf mais sa rencontre avec Kristen. La jeune femme avait découvert ce sport à douze ans après avoir visionné un film et grâce à son frère ainé, qu’elle accompagnait, elle avait pu apprendre et se passionner pour cette activité. Le surf avait traversé le Pacifique, inventé par les Polynésiens et s’étant développé dans l’archipel d’Hawaï, pour atteindre la côte Ouest américaine puis le monde entier, et donner une sensation de liberté à tous ceux qui chevauchaient les vagues. Mais pour Kristen, la maladie l’empêchera de savourer sa passion mais cette relation intime avec l’océan sera aussi un grand réconfort, aussi bien pour elle, pour A.J. et pour la famille et les amis …

Cela faisait des mois que cet album était dans ma PAL mais compte tenu de son sujet difficile, j’hésitais à me lancer dans cette lecture. Et puis, j’ai sauté le pas car j’avais besoin d’une lecture lente, posée, un peu intimiste et cet album cochait toutes les cases. Le graphisme simple, épuré, sans fioriture, est totalement adapté au thème car il fallait le sujet prendre la place sans être étouffé par un visuel trop chargé. La pudeur de la narration se retrouve donc dans le dessin. La palette de couleurs est très limitée : on alterne entre des ambiances bleutées et des ambiances sépia en fonction de l’époque décrite. Il faut dire que le récit ne se limite pas à l’histoire de Kristen et d’A.J., avec les tons bleus, mais raconte aussi l’histoire du surf, depuis sa naissance, les grands noms qui l’ont fait connaitre et ce que ce sport est devenu et les symboles qui vont avec et pour cette partie plus documentaire, on a les tons beiges. Les deux époques s’intercalent mais la chronologie dans l’histoire de Kristen n’est pas non plus linéaire car on peut faire des allers-retours dans le temps sans logique précise, comme des souvenirs qui remonteraient à la mémoire. L’auteur a réussi à éviter le pathos dans ce récit personnel poignant qui honore sa compagne et son courage, qui montre qu’on peut vivre intensément malgré des limites imposées. Avec un mélange de poésie, de pudeur et d’amour, il rend la jeune femme immortelle et on ne peut pas faire plus bel hommage !

Les avis de Mo, Aproposdelivres, Meséchappéeslivresques, Theautistreading, Gambadou, Hélène.

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18 avril 2023

Rivage de la colère ---- Galandon et N'Haoua et Degreff d'après Caroline Laurent

RivagedelacolereEn mars 1967, la petite île de Diego Garcia, dans l’archipel des Chagos, tout près de l’île Maurice, le bateau de ravitaillement mensuel arrive à la plus grande joie des habitants et à son bord, se trouve Gabriel Neymorin, qui vient assister l’administrateur mis en place par le gouvernement anglais. Le jeune homme est issu d’une famille aisée de Maurice et tombe vite sous le charme de la jeune et jolie Marie, maman d’une petite fille, qui, comme tous les gens de l’île, travaille dans la production de coprah. Mais Maurice est sur le point de voter son indépendance et pour tous les habitants de Chagos, pour qui tout cela parait lointain, cela va provoquer une cassure énorme dans leur mode de vie …

Je n’avais pas lu la courte quatrième de couverture donc si je savais que cela avait un lien avec l’île Maurice, ma connaissance du sujet se limitait à cela. Pourtant, j’avais noté le roman qui est adapté ici en BD et j’avais donc dû lire le résumé mais comme cela faisait longtemps, j’avais tout oublié ! Mais je dois dire que j’ai été bien contente de découvrir le récit au fur et à mesure de ma lecture sans en savoir trop dès le départ. La première chose qui m’a sauté aux yeux en ouvrant l’album, c’est les couleurs lumineuses, ensoleillées comme cette petite ile de Diego Garcia. Le bleu de ce ciel a éclairé ma journée, surtout qu’en ce moment, c’est plutôt gris en Bretagne ! Probablement que j’aurais été moins marquée par cette palette de couleurs gaies si j’avais lu ce titre en été mais là, ça fait du bien. Le trait est moderne, dynamique, vivant, avec des décors superbes et des personnages expressifs et dans l’ensemble reconnaissables, même si j’ai réussi à me mélanger un peu dans les habitants de l’île ! J’ai aussi eu du mal à reconnaitre parfois Gabriel, en fonction des positions de sa tête (je le repérais essentiellement grâce à sa petite moustache et ses cheveux !). Mais ces problèmes sont restés limités et n’ont pas réellement gêné ma lecture. Ce que j’ai moins aimé, c’est la taille de la police de caractère qui est vraiment trop petite pour avoir un confort de lecture dans toutes les conditions (surtout le soir). En plus, il y a quand même pas mal de texte à lire, même si je ne peux pas dire que l’album est verbeux … il y a juste ce qu’il faut mais avec la difficulté pour décrypter ces petites lignes serrées, ça m’a paru plus long. Comme je l’ai dit plus haut, je n’ai pas lu le roman qui est adapté ici donc je ne peux juger du respect à l’histoire et aux personnages mais j’ai trouvé l’histoire très intéressante. J’ignorais tout des faits qui se sont déroulés dans cette région à cette époque où beaucoup de pays devenaient enfin indépendants … mais à quel prix ! A travers le personnage d’une femme forte et courageuse, cela pose la question de l’exploitation des peuples, qui s’est développée d’une autre façon après l’abolition de l’esclavage … comme je le dis souvent, ça a juste changé de nom et manière de faire, mais ça existe toujours ! Le récit ne rentre pas trop dans les détails des évènements, ce que je trouve un peu dommage, et un petit dossier complémentaire en fin d’album aurait été bienvenu. C’est peut-être le seul bémol concernant cet album qui rend honneur aux Chagossiens et aux femmes !

17 avril 2023

Dérives ---- Alexis Bacci

DerivesSeptembre 2001. Takeshi, journaliste à Tokyo, est en plein déménagement suite à son divorce, quand il reçoit une offre pour effectuer un reportage pour le magazine Glimpse sur les amas du village de Wagu, dans la baie d’Ago. Ce métier traditionnel de plongeuse en apnée pour pêcher, le plus souvent des ormeaux, voit ses effectifs diminuer d’année en année et Takeshi, accompagné d’un jeune photographe, est accueilli chaleureusement par Fujiko et ses amies qui vont leur faire découvrir leur travail et raconter les relations dans ces groupes de plongeuses et les légendes nées de l’océan. Mais les choses vont devenir vite assez étranges …

Je ne connaissais pas du tout cet auteur bien que ce soit son quatrième album et ce titre étant sélectionné pour mon club lecture spécial BD, ça tombait donc plutôt bien car j’aime découvrir de nouvelles choses. En fait, au départ, vu l’histoire et la couverture, je pensais que c’était un manga jusqu’à ce que je tienne l’album en main et là, pas de doute, si beaucoup de choses sont effectivement d’inspiration japonaise, le format et le sens de lecture sont bien traditionnels des albums français, comme l’auteur. Mais on sent qu’il est attiré par le Japon et d’ailleurs un de ses titres précédents est un manga ! Son trait est net, avec des contours affirmés et beaucoup de rondeur dans les personnages, même ceux qui sont filiformes ne le paraissent pas tant que ça car il n’y a pas beaucoup d’angles. J’ai trouvé les visages expressifs sans les excès qu’on peut parfois trouver dans les mangas. J’ai aussi apprécié le choix des couleurs, variées mais souvent sur le monochrome ou la bichromie dans chaque scène, les teintes changeant d’une scène à l’autre. Là aussi, le choix est assez affirmé : il peut y avoir des dégradés de bleu foncé pour les scènes sous-marines comme de l’orangé pour les scènes de repas ou un joli camaïeu de rose pour une certaine scène de nuit dont je ne dirai rien ! Donc côté visuel, j’ai plutôt bien adhéré et les personnages sont tous bien reconnaissables, même les amas, qui ne sont pas jeunes et ont des allures de grands-mères accueillantes sont aisément identifiables quand on plonge dans leur passé. La bonhommie de ces dames contrastent avec les histoires  qu’elles racontent et qui font plutôt un peu peur, mélangeant légendes, violences et jalousies. La base du récit est assez intéressante car si le thème des amas a été abordée dans plusieurs romans, je crois que c’est la première fois que je le retrouve dans une BD. Mais j’ai été un peu dubitative sur certains détails : des moments du récit semblent être là pour meubler plutôt que par utilité à l’histoire (le 11 septembre 2001, le gamin avec le cerf-volant …) et je ne comprends pas trop pourquoi l’auteur les a insérés dans son récit. En plus, j’ai quand même été un peu déçue par la fin qui m’a paru un peu rapide et banale par rapport au reste … la tension montait bien au fil des pages mais elle est trop vite retombée alors que j’aurais probablement aimé un final plus grandiose mais je sais que je fais quand même un peu ma difficile sur ce coup-là ! Une lecture sympa et originale mais que je crains d’oublier assez vite !

16 avril 2023

Rock paper scissors (Dix ans, noces de sang) ---- Alice Feeney

RockpaperscissorsEn février 2020, ayant gagné à la loterie un séjour dans une chapelle isolée, Amelia et son mari Adam partent en week-end en Ecosse avec leur chien Bob pour essayer de se retrouver et de sauver leur couple qui bat de l’aile. Vivant à Londres, Amelia travaille dans un refuge pour chiens abandonnés et Adam travaille comme scénariste pour la télévision et le cinéma. Après avoir galéré en début de carrière, Adam a finalement connu le succès en adaptant les romans d’un célèbre auteur de thrillers et sa vie de couple a souvent été mise en retrait face à son travail qui le passionne. Mais Adam a aussi un problème : il souffre de prosopagnosie et cette maladie génétique a toujours pesé sur sa vie. Cette escapade peut alors être la solution pour qu’Amelia et Adam retrouvent leur complicité d’antan mais ce week-end écossais s’annonce sous de mauvais hospices : après avoir galéré pour trouver la chapelle à cause d’une tempête de neige inattendue, personne n’est là pour les accueillir et le bâtiment se révèle étrange et glacial …

Ayant vu ce titre dans une liste de romans proposés dans un club lecture sur Internet, j’ai décidé de tenter cette lecture, même si je ne fais pas partie de ce club car j’avais envie de découvrir cette auteure dont j’ai vu plusieurs livres sur différents sites. Je n’avais pas d’idée précise sur l’histoire vu que je n’avais pas lu la quatrième de couverture et c’est aussi bien ainsi ! D’ailleurs, j’ai eu un peu de mal à rédiger mon résumé car le récit alterne différentes narrations : il y a une alternance entre Amelia et Adam, ce qui permet de voir le point de vue de chacun concernant leur couple et leur week-end, et de temps en temps, il y a des lettres rédigées à chaque anniversaire de mariage, qui permettent de découvrir le passé des protagonistes. Dès le départ, on est plongé directement dans une atmosphère tendue car Amelia et Adam sont sur la route dans une Ecosse sous la neige, à la nuit tombante et forcément, tout ne se passe pas au mieux. Les choses ne s’arrangent pas vraiment à l’arrivée dans cette chapelle isolée transformée en chambre d’hôtes où personne n’est là pour les recevoir et où l’ambiance a tout de la maison hantée. Je trouve qu’on sent bien que c’est un thriller psychologique qui joue sur les décors et la psyché des personnages et j’ai trouvé ça vraiment très bien mené. Je me suis longtemps laissée porter par le récit sans trop chercher à comprendre ce qui se passait, même si après quelques chapitres, je me suis posée une question qui s’est finalement révélée essentielle à la compréhension des choses (disons que c’est une question que je me pose souvent en regardant un film mais moins avec un roman). J’ai énormément aimé l’atmosphère un peu angoissante, la tension qui monte, l’originalité de la maladie d’Adam, les divergences d’opinions, les indices subtilement distillés au fil des pages, les doutes que j’ai eus suivis de la confirmation de ce que je pensais et pour finir un rebondissement que je n’avais pas vu venir alors que j’avais deviné une partie du dénouement de l’histoire. Peut-être que j’aurais pu pinailler sur certains détails peu crédibles mais comme j’ai vraiment passé un excellent moment de lecture, je considère qu’ils sont négligeables !

*Lu en anglais*

Titre français : Dix ans, noces de sang

15 avril 2023

The Grocery, l'intégrale (tomes 1 à 4) + Before The Grocery (tome 0) ---- Singelin et Ducoudray et autres dessinateurs

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The Grocery, l'intégrale (tomes 1 à 4)

Une épicerie vient d’ouvrir dans un quartier défavorisé de Baltimore et Elliott, plutôt bon élève, est le fils du marchand, qui l’encourage à sortir faire connaissance avec les jeunes du coin. Mais le carrefour est surtout un lieu de revente de drogues en tous genres et Elliott est vite confronté aux fusillades habituelles du quartier opposant différents gangs. Parmi les spectateurs de la scène, il y a Sixteen et sa bande, qui vont vite faire amis avec Elliott qui les approvisionne en bonbons. Mais la drogue et la violence des gangs ne sont pas les seuls problèmes : beaucoup d’habitants perdent leurs maisons à cause de la crise des subprimes et parmi eux, il y a Washington, un Marine de retour d’Irak, qui retrouve le logement familial saisi et sa grand-mère placée en maison de retraite …

Cela fait des années que ces albums me faisaient de l’œil (en fait quasiment depuis leur sortie) mais j’avais peur du graphisme particulier. Il faut dire ces personnages aux allures peu communes ont de quoi dérouter ! Ils ont plus l’allure de têtards ou de ballons de baudruche que d’humains traditionnels ... on pourrait même dire que leurs formes sont variées et à tendance organique mais j’avais peur de m’y perdre et d’avoir du mal à identifier tous les protagonistes (et ils sont quand même assez nombreux). Effectivement, j’ai eu un peu de mal à reconnaître tout le monde sauf Elliott et son père, très reconnaissables (j’ai un peu plus galéré pour Sixteen qui avait eu le malheur de changer de casquette à un moment donné) et son entourage. Heureusement, chaque personnage a souvent un petit détail qui permet de le reconnaître (un nez particulier, un tatouage ...) et le problème a disparu au fil des pages. J’ai même fini par l’apprécier car il a une identité forte et rien n’est laissé au hasard, avec des petits détails qui ont leur importance. En plus, le choix des couleurs délavées est agréable et permet de contraster avec le propos car si le dessin peut paraître enfantin, l’histoire, elle, ne l’est pas une seule seconde ! On découvre la vie quotidienne d’un quartier défavorisé d’une des villes les plus pauvres des Etats-Unis, une des plus violentes aussi. Le récit ne se contente pas de parler de gangs et de drogues, sujet qui peut concerner tout le monde (on le voit à travers les personnages d’Elliott et son père, qui auraient dû ne rien connaître à ce milieu mais qui s’y retrouvent plongés par la position centrale de leur magasin) car il parle aussi de familles plus en retrait, comme celle du Marine Washington, qui se retrouve à la rue du jour au lendemain et qui n’est pas le seul à galérer alors que des politiciens, des banquiers et des dealeurs s’en mettent plein les poches. Et puis, il y a aussi le côté politique et racial avec les groupes de suprémacistes blancs, qui sont bien évidemment détestables en tous points mais qui pourraient laisser filtrer quelque espoir grâce à certains personnages de ce groupe qui paraissent parfois humains malgré leur embrigadement dans le groupe. La violence est omniprésente et pendant un bon moment, j’ai eu la sensation que ce n’était qu’une descente sans fin vers l’enfer pour tous les protagonistes mais heureusement, tout n’est pas noir. Bon, c’est sûr que les âmes sensibles risquent de trouver cette lecture difficile et horrible mais de mon côté, j’apprécie de ne pas voir les choses trop édulcorées. En tout cas, je me suis attachée à Elliott et ses amis et cette histoire va me rester longtemps en mémoire, que ce soit pour son dessin que j’ai appris à aimer ou pour son analyse sociétale et sa puissance émotionnelle ! 

Les avis de Mo (tomes 1 et 2) et Mr Zombi (tomes 1 et 2).

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Edit du billet du 28 janvier 2023

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Before the grocery (tome 0)

Le père d’Elliott vient d’ouvrir une épicerie située à un carrefour dans un quartier défavorisé de Baltimore mais il livre les clients des beaux quartiers accompagné de son jeune fils. Elliott fait alors la connaissance de Lisa, une fille de son âge et celle-ci, fan de vélo et de jeux vidéo, va vite devenir son amie, les bandes des deux enfants fusionnant ensemble après avoir passé les tests requis. Mais une série de disparitions d’enfants en ville vont perturber la vie quotidienne d’Elliott et ses amis : Lisa est à son tour portée disparue …

Cet album reprend les personnages de The Grocery mais se déroule avant les évènements développés dans la série. Il est composé de plusieurs histoires qui vont parfois nous faire franchir les limites de la ville de Baltimore. On découvre un Elliott tout jeune, alors que sa famille vient juste de reprendre l’épicerie et qui va devoir enquêter sur la disparition de sa meilleure amie Lisa alors qu’un kidnappeur sévit à Baltimore. On va suivre Ed et ses frères Ned et Ted à Waco, Texas, où ils vont devoir passer quelques jours de vacances avec leur tante qui fait partie de la secte des Davidiens dont on connait tous la triste destinée. On va découvrir le passé du Rabbi Schlomo, client régulier de l’épicerie, qui a vécu la seconde guerre mondiale et a été envoyé dans le camp de concentration d’Auschwitz, mais qui se rappelle plus particulièrement les conditions de libération du camp à la fin du conflit. On va se retrouver aux côtés de Washington, avant qu’il s’engage dans l’armée, alors qu’il est encore à l’école et qu’un excellent joueur de football américain rejoint l’équipe. Malheureusement le joueur est noir et l’équipe fait preuve de racisme à son égard. Washington, mal à l’aise vis-à-vis du comportement de ses coéquipiers, en parle à sa grand-mère qui va alors lui raconter sa jeunesse à l’époque du mouvement des droits civiques et de Rosa Parks. On va patrouiller aux côtés de Carrie, nouvelle policière arrivée au commissariat et qui va faire équipe avec Morris, un flic qui connait bien les rues de Baltimore mais qui lui semble plus enclin à manger qu’à faire régner la loi et l’ordre. Et pour finir, on suit Sixteen qui va faire la connaissance de Ice grâce au milieu peu recommandable des combats de chien  On a donc un joli choix de thèmes : racisme, violences, sectes, kidnapping, police, familles dysfonctionnelles, ados à la dérive, drogues et trafics en tous genres, tout en restant dans la lignée de la série d’origine, avec la société américaine et ses dérives mises en avant. J’ai retrouvé avec plaisir les personnages auxquels je m’étais bien attachée et le style graphique particulièrement reconnaissable mais cette fois, plusieurs dessinateurs ont participé et le style peut donc changer d’une histoire à l’autre, même si certains se sont efforcés (brillamment d’ailleurs !) de coller au dessin d’origine. C’est sûr que ce n’est pas forcément une lecture indispensable car on n’apprend pas grand-chose de neuf et que l’univers décrit n’est plus une surprise. Les histoires étant courtes, elles sont moins développées que l’intrigue de la série qui s’étalait sur quatre tomes relativement conséquents et après la lecture de la série d’origine, cela parait alors moins abouti, moins marquant. Probablement qu’il aurait été nettement plus intéressant de sortir ce tome avant la série, pour mettre en appétit mais le fait qu’il y ait plein de petits récits auraient pu aussi avoir l’effet inverse et faire fuir certains lecteurs. En tout cas, pour moi, c’était essentiellement l’occasion de retrouver cette bande de jeunes de Baltimore qui m’avait tant plu et de me faire un petit plaisir de lecture !

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14 avril 2023

Bienvenue en Chine ---- Milad Nouri et Tian-You Zheng

BienvenueenchineC’est le milieu des années 2000 et Milad termine ses études dans l’ingénierie informatique. Issu d’une famille multiculturelle, né en Iran mais ayant grandi en France, le jeune homme ne sait pas encore ce qu’il veut faire ni dans quel lieu s’installer. Plusieurs pays l’attirent mais un partenariat de son université avec une école de Canton le décide d’opter pour la Chine où il va partir avec un petit groupe d’amis en 2004. A leur arrivée, c’est un pays aux coutumes différentes et inconnues qu’ils découvrent mais cela est d’autant plus intéressant pour Milad, qui va s’adapter peu à peu …

J’aime les récits de voyage et d’expatriation car cela permet de voyager sans quitter sa maison ! Et puis, ça peut aussi créer des tentations selon la façon dont le pays est décrit. En plus, je trouve que ce genre d’album est toujours intéressant qu’un roman ou un guide de voyage … on a du visuel (même si le dessin n’est quand même pas tout à fait comme des photos) mais surtout, on a un compte-rendu de la découverte telle qu’on aurait pu la vivre soi-même, avec de l’émotion, du partage, de l’humour, des moments d’incompréhension ou des instants surréalistes alors qu’un guide restera plus terre-à-terre et détaché, ne fournissant que des faits et des informations pratiques. Le dessinateur est d’origine chinoise mais a étudié et vit en Belgique et son graphisme est très ligne claire, sobre, avec des traits fins, des tons bleus et blancs, et des visages expressifs, même si les Chinois n’ont pas tendance à montrer leurs sentiments. La découpe et le rythme sont très classiques et j’aurais sûrement préféré un peu plus d’originalité mais bon, ça reste efficace. On suit le parcours de l’auteur à la fin de ses études en France et son choix de partir pour la Chine, qu’il ne connait pas du tout. On découvre donc le pays à ses côtés et ce n’est pas triste ! Les choses sont vraiment très différentes de la façon de vivre occidentale et j’ai beaucoup appris au fil de ma lecture sur les relations, les repas d’affaire, la gastronomie, le travail et j’en passe. J’avoue qu’il y a des choses auxquelles j’aurais énormément de mal à m’habituer (entre autres, les séances de toasts alcoolisés !). On voit aussi comment le milieu du travail et l’économie fonctionnent en Chine, sans entrer dans les détails mais il est certain que les opportunités sont grandes si on arrive à intégrer les us et coutumes du pays, qui sont très importantes et décident parfois de la signature d’un contrat. L’auteur n’oublie pas d’aborder sa vie privée, qui va de pair avec son séjour dans le pays et c’est là qu’il y a le plus d’émotion, mais cela reste pudique et plutôt court. C’est peut-être là que j’aurais aimé plus de développement : le ressenti de l’auteur sur son expatriation, l’éloignement avec sa famille, ses relations amoureuses sont bien là mais je n’ai pas trop ressenti d’empathie car ces thèmes n’étaient le plus souvent qu’effleurés. En même temps, c’est plus un album de découverte d’un pays et on peut se dire que les sentiments de l’auteur n’y avaient pas forcément une place importante nécessaire ! Une bonne lecture dépaysante qui permet d’apprendre beaucoup de choses sur la vie en Chine !

13 avril 2023

Trillium ---- Jeff Lemire

Trillium

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En 3797, le restant de la population humaine est à la recherche d’une nouvelle planète habitable alors qu’un virus intelligent décime peu à peu les zones colonisées par les humains, tuant tout sur son passage. Seule une fleur semble pouvoir l’arrêter mais elle est difficile à trouver en quantité suffisante. Parmi l’équipe scientifique en charge de sa recherche, embarquée sur un vaisseau spatial aux confins de l’espace, il y a Nika, une jeune femme solitaire qui est prête à découvrir et à communiquer avec un groupe d’aliens alors que sa hiérarchie veut plutôt les dominer et les détruire. Mais alors qu’elle passe outre les ordres, elle découvre un temple et celui-ci va être un lien avec William, un ancien soldat anglais ayant fait la Première Guerre Mondiale reconverti en 1921 en explorateur dans la jungle amazonienne au côté de son frère et d’une équipe à la recherche d’une cité perdue …

Je suis une inconditionnelle de cet auteur canadien et je picore dans son œuvre comme je piocherais dans une boite de bonbons : je veux savourer et je veux toujours qu’il en reste quelques-uns pour une prochaine envie ! C’est donc avec ce titre datant déjà d’une dizaine d’années que je me suis fait plaisir cette fois. J’y ai retrouvé son style graphique si reconnaissable, aux traits fins, avec une petite touche brouillon et des aquarelles aux couleurs douces. C’est un dessin qui pourrait paraitre en contraste avec le thème de science-fiction du récit mais je trouve au contraire qu’il fait merveille, en se démarquant de ce qu’on voit d’ordinaire et donnant aussi un petit côté poétique qui aurait pu être manquant avec un dessin trop aseptisé. On plonge donc dans une histoire sur deux époques : le futur de 3797 avec Nika et le passé de 1921 avec William et ces deux récits vont très vite se télescoper de façon inattendue. C’est une lecture qui demande de l’action et de la réflexion de la part des lecteurs. Il faut tout d’abord tourner l’album en fonction de l’évolution du récit et même le sens de lecture au fil des pages puisqu’il faut parfois tourner les pages comme dans un manga. J’ai un peu tâtonné au départ mais je m’y suis très vite habituée et cela correspond aussi à la désorientation des personnages principaux qui se retrouvent dans des situations qu’ils ne comprennent pas toujours. En plus d’un récit d’aventure où il est question de sauver le reste de l’humanité, c’est aussi une histoire d’amour particulièrement réussie. On découvre également les relations familiales de Nika avec sa mère, de William avec son frère, leurs passés respectifs avec des traumatismes qui les ont façonnés et qui, d’une certaine façon les relie dans la compréhension l’un de l’autre. Ces deux personnages m’ont paru très attachants et très humains. Le final est un mélange poignant de mystère et d’espoir et m’a énormément plu, sans pathos mais sans aspect bisounours non plus. Encore une fois, j’ai énormément apprécié la façon dont Jeff Lemire raconte ses histoires, mélangeant modernité et intemporalité, et souvent empreintes d’une sorte de mélancolie qui me touche toujours beaucoup.

Les avis de Mo, Brize.

12 avril 2023

Pitcairn, l'île des révoltés du Bounty (tomes 1 et 2) ---- Mark Eacersall et Sébastien Laurier et Gyula Németh

Pitcairn1

Pitcairn2Tome 1 : Terre promise
Tome 2 : Nouvelle vie

Le 28 avril 1789, au large des îles Tonga, la mutinerie du Bounty vient d’avoir lieu et le second Fletcher Christian, à la tête des marins révoltés, met à l’eau, dans une simple chaloupe, le capitaine du navire et tous ceux ayant été à ses côtés. Le Bounty, armé des mutins et de ceux restés neutres lors de la rébellion, fait alors cap vers Tahiti car il y a besoin d’effectuer un ravitaillement mais l’équipage espère trouver sur leur route une île sans troupes anglaises où ils pourraient vivre sans crainte et qui pourrait être celle de Tubuai. Mais la cérémonie d’accueil avec la population locale tourne mal  …

Les révoltés du Bounty sont un épisode assez connu mais hormis les grandes lignes, je connaissais peu de choses à ce sujet. Il faut dire que je suis peu intéressée par ce qui pourrait se passer sur un navire, surtout si cela concerne l’équipage mais ici, l’histoire commence à la fin de la mutinerie et on aborde donc ce qui se passe ensuite pour cet équipage mutin, ce qui m’intéresse déjà beaucoup plus ! Comme c’est une série et que je ne sais pas combien de tomes il allait y avoir, je me suis contentée d’emprunter les deux premiers à la médiathèque et grand bien m’en a fait ! Les couvertures sont plutôt sympas mais le dessin est assez classique, même si le trait est un peu haché, comme pour donner de la vie et du mouvement. La découpe est aussi plutôt traditionnelle, même si elle alterne petites et grandes cases, voire même des pleines pages mais compte tenu du format classique des albums, je n’ai pas été surprise de ce côté-là. Les couleurs sont vraiment agréables et plantent bien les ambiances (ensoleillée, maritime, nuit …). Par contre, que j’ai eu du mal à reconnaitre tous les nombreux personnages … et pourtant, il y a un petit trombinoscope récapitulatif à l’intérieur de la couverture ! Mais au bout d’un moment, j’en avais un peu marre d’aller m’y référer pour identifier qui était qui, particulièrement pour les personnages polynésiens. En plus, j’ai eu un mal fou à comprendre et retenir les relations entre les protagonistes (qui est de la même famille par exemple ou qui est la compagne de quel marin). Même rendue à la fin du tome 2, rien ne me paraissait clair ! Qui plus est, j’ai trouvé que les transitions d’une scène à l’autre étaient trop rapides, donnant l’impression de sauter du coq à l’âne. Pourtant, je sens bien qu’il y a des choses intéressantes dans cette histoire : comment les marins font-ils gérer leur nouvelle vie, les tensions d’une vie en communauté sur une petite île avec un nombre limité de femmes, comment la cohabitation entre population locale et marins va-t-elle se passer … il y a matière à un récit passionnant. D’ailleurs cette série est l’adaptation d’un roman, écrit par le scénariste lui-même mais j’avoue que j’ai trop souvent été perdue dans le récit pour l’apprécier pleinement (comme s’il fallait déjà bien connaitre les faits et les protagonistes avant de se lancer dans cette lecture). Du coup, je continuerai peut-être cette lecture si je tombe par hasard sur les albums suivants en médiathèque quand ils seront parus mais je n’irai pas faire des pieds et des mains pour les avoir ! 

11 avril 2023

La nuit est mon royaume ---- Claire Fauvel

LanuitestmonroyaumeC’est la rentrée dans un lycée de Créteil, dans la banlieue parisienne et pour Alice, la nouvelle arrivante, ce n’est pas facile de tisser des liens. Mais alors qu’elle s’oppose à une autre fille, elle est soutenue par Nawel et ses amies, car cette dernière a remarqué qu’elles vivaient toutes les deux dans le même immeuble de la cité. Alice adore les Beatles et plus particulièrement Paul McCartney et les deux jeunes filles vont vite être inséparables, se passionnant pour la musique. Elles vont alors décider de fonder un groupe de rock avec Alice à la guitare et Nawel au clavier …

Cette couverture annonce une histoire rock’n’roll mais elle ne se limite pas à ça ! On sait que ça va parler de musique et de filles mais je ne m’attendais pas à un récit aussi prenant et réfléchi. Je pensais surtout que cela se centrait sur la difficulté de percer dans ce milieu, surtout quand on est une fille mais il y est surtout question de passion, même si les difficultés sont effectivement bien présentes. Alice semble mal partie dans son nouveau lycée, ne correspondant pas trop au style qui pourrait la rendre populaire mais contre toute attente une grande et forte amitié va se tisser entre elle et Nawel, qui commence juste parce qu’elles vivent dans le même immeuble de banlieue ! Il est intéressant de voir comme des styles de vie différents peuvent se mêler de façon réussie et les deux héroïnes, à un moment charnière de leur vie, sont très attachantes, même si c’est Nawel qui est plus au centre de l’histoire. Elles doivent décider de ce qu’elles veulent faire, commencent à tomber amoureuses de façon plus sérieuse, se rebellent parfois devant les attentes de leurs parents, surtout Nawel dont la passion musicale ne correspond pas aux vœux de ses parents encore très traditionnels. Elles ont des doutes, des peurs, des grands moments de joie, de chance aussi, elles font des rencontres, veulent vivre comme elles le souhaitent, intensément et pleinement. Elles commettent aussi quelques erreurs, dont certaines m’ont parues prévisibles vu qu’avec les années, on finit par reconnaitre les pièges mais leur fraicheur et leur enthousiasme m’ont paru communicatifs et dynamiques. Le dessin est à l’avenant du récit : il est vivant, moderne, vibrant, avec des personnages expressifs surtout dans les regards et j’ai beaucoup aimé ce style graphique et les couleurs souvent assez neutres mais qui s’illuminent de tons plus vifs. La découpe est parfois quasi-cinématographique, déroulant des plans fluides mais variés. C’est aussi étonnant de voir que des jeunes peuvent encore se passionner pour les Beatles ! Je ne connaissais pas cette auteure mais c’est sûr que je ne m’arrêterai pas là avec elle !

Les avis de Stephie et Choup.

10 avril 2023

La ligue des super féministes ---- Mirion Malle

LaliguedessuperfeministesEtre une femme, ce n’est pas être inférieur aux hommes, même si beaucoup de choses et de comportements semblent suggérer le contraire. Cela commence avec la représentation que les filles se font d’elles-mêmes à travers les histoires, romans, films où elles sont souvent des princesses qui sont juste là pour être sauvées par des princes héroïques ou alors un personnage secondaire sans nom et sans personnalité. De même, dans les relations d’amitié, les femmes sont souvent représentées comme concurrentes au lieu d’être solidaires entre elles …

Ce petit album s’adresse à un lectorat préadolescent, filles ou garçons ou autres, car cette lecture permet d’aborder des thèmes qui ne se limitent pas au genre féminin. Si l’auteure parle effectivement beaucoup des filles, de leur place et de leur représentation dans la société actuelle, de leurs capacités et de leurs envies, de l’inégalité entre les sexes, elle explique aussi, de façon simple, le genre qui ne se limite pas aux femmes et aux hommes, englobant tous ceux qui ne se retrouvent pas dans ces deux normes habituelles. En fait, pour moi, les problèmes évoqués peuvent correspondre à toutes les minorités ou tous ceux et celles qui sont considérés comme inférieurs sans raison, juste parce qu’ils ne sont pas des hommes blancs hétérosexuels (ceux-ci étant la strate dominante avec tous les avantages). D’ailleurs, l’auteure parle d’intersectionnalité, qui explique comment, si on cumule plusieurs critères de minorité (par exemple une femme racisée et homosexuelle), ils s’ajoutent et s’amplifient. Le graphisme est simple, un peu cartoon, moderne, avec peu de cases fermées, coloré et aéré. Les explications sont simples, illustrées par des exemples, avec des touches d’humour et pour commencer à comprendre comment les différences se sont bâties au fil du temps, créant des inégalités et des discriminations, c’est plutôt bien fait. Bien sûr, en tant qu’adulte, j’ai parfois été un peu frustrée de ne pas voir les thèmes creusés plus en profondeur mais c’est une porte d’entrée dans le sujet qui mérite d’être lue par tous pour essayer d’améliorer les choses en évitant de reproduire le même schéma diviseur et discriminatoire.

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