Rencontre avec Sylvie Robic
Le 4 mai, je suis allée à une conférence de l'auteur Sylvie Robic qui présentait son roman "Les doigts écorchés" (voir ma critique et la critique de Sylire) dans le cadre du prix Inter-Comités d'entreprises CEZAM 2007.
Les 2 seules dates prévues en Bretagne on été Vannes et Lorient ... est-ce voulu vu que l'auteur est d'origine morbihanaise ? Non, en fait, comme elle est professeur de littérature française en fac à Paris, elle est surtout prise par son travail et il n'est pas toujours facile d'organiser des déplacements, qui se font toujours en quatrième vitesse (elle a enchaîné les 2 conférences le même jour).
La rencontre a eu lieu à 16 heures, lors d'un goûter sympathique, gracieusement offert par la médiathèque, avec café, jus de fruit et 4 quarts breton !
L'auteur nous a d'abord parlé de son parcours d'écriture : son premier roman "Une fille gentille" n'avait aucun rapport avec la musique mais elle a participé à un recueil de nouvelles basées sur les titres des chansons de Dominique A, recueil ayant pour titre "Tout sera comme avant". Elle était en train de travailler sur un projet en rapport avec 2 frères et la musique quand les éditions Naïve lui ont demandée si elle était intéressée par l'écriture d'un roman basé sur le rock, la laissant relativement libre de son sujet. Qui plus est, dans la même période, le hasard faisant bien les choses, elle a assisté au concert du groupe de rock anglais "Hoggboy" à Paris et cela l'a replongée dans sa jeunesse à Rennes, lors des années 80, où la scène musicale tenait une place importante dans la vie de la ville.
Elle a donc décidé d'associer le projet d'écriture sur les 2 frères à la vie de musiciens, entre autre "Hoggboy", qu'elle a suivi en Angleterre pour faire de son roman un témoignage sur la vie d'un petit groupe de rock pas très connu et elle a utilisé les mots même des jeunes gens lors des rencontres qu'ils ont eu avec elle. D'ailleurs, ils étaient un peu étonnés mais heureux que quelqu'un puisse écrire un livre sur eux ! Son roman mélange donc fiction et réalité de façon subtile. Elle avoue elle-même qu'elle préfère l'écriture suggestive à l'écriture descriptive ! Sylvie Robic a donc montré dans son livre que les adolescents passaient souvent par une révolte symbolique à travers la musique, quelles que soient les époques et les styles de musique concernés mais que la musique pouvait aussi avoir un effet curatif et bénéfique.
L'instrument préféré de Sylvie Robic étant la basse, après de nombreuses entrevues avec des bassistes pour apporter de la crédibilité à son roman, il a paru logique que le titre du livre soit "Les doigts écorchés" car la pratique de cet instrument entraîne des douleurs dans les premiers temps et cette douleur peut aussi être associée à celle, psychologique, du narrateur de l'histoire.
Naïve étant une petite maison d'édition, l'auteur a pu choisir la couverture et a voulu une photo noir et blanc du groupe pour lui rendre hommage et le style simple correspondait tout à fait au roman. A noter que le groupe a été dissout depuis peu.
Sylvie Robic, suite à la demande de l'assistance, a parlé de son travail d'écriture. Après une tentative ratée de roman vers 28 ans, elle ne s'est mise à l'écriture que 10 ans plus tard. Mais elle a néanmoins écrit des nouvelles, des essais et effectué des traductions. Elle a toujours lu énormément, ce qui l'a entraînée logiquement vers un métier en rapport avec la littérature. Son travail de professeur lui plait énormément mais elle avoue qu'à cause de cela, il ne lui est pas facile d'écrire tous les jours et elle profite surtout des vacances pour avancer dans ses projets de romans. Dans la vie quotidienne, elle note sur de petits carnets des scènes de la vie quotidienne, espérant peut-être un jour les réutiliser dans une histoire.
Ses auteurs favoris sont Nathalie Sarraute (particulièrement à partir de "Enfance") pour son rapport à la langue française, Marguerite Duras pour l'insertion de la vie matérielle dans ses textes et Marcel Proust pour son analyse subtile des émotions. Elle aime aussi énormément Jean Echenoz, Jean Rolin et Patrick Modiano. Son dernier livre coup de coeur est "A suspicious river" de Laura Kasischke.
Sylvie Robic a lu le premier chapitre, faisant ainsi découvrir son style d'écriture aux personnes n'ayant pas lu son livre. Elle a été ravie de voir qu'un an après sa sortie, elle pouvait encore faire des conférences grâce à la nomination de son roman au prix CEZAM.
Elle travaille actuellement à un autre roman.
La rencontre s'est terminée par une séance de dédicaces.