Sirocco --- Giulio Macaione

Mia, qui vit à Venise, est passionnée par la danse classique et espère être admise dans une école de danse prestigieuse à Milan après le lycée. Mais elle n’en a parlé qu’à son meilleur ami Enrico, qui espère se faire embaucher par Gianni, le père de Mia qui tient un bar, pour gagner un peu d’argent en parallèle de ses études. La jeune fille a peur de laisser son père seul, car c’est lui qui l’a élevée et qu’il a mis sa vie amoureuse de côté pour s’occuper de Mia. Et puis, Gianni étant homosexuel, cela lui parait toujours plus difficile de rencontrer son éventuelle âme sœur. Mia a aussi peur de partir alors que sa grand-mère paternelle, Elsa, veuve depuis longtemps, qui ne vivait que pour la sculpture et l’art, a été obligée il y a quelques années d’arrêter de son travail à cause d’un cancer qu’elle a soigné à coups de chimio. Mia s’attèle donc à essayer de caser Gianni en lui créant un profil sur les réseaux de rencontres mais elle ignore que la maladie d’Elsa est revenue, provoquant la fuite de sa grand-mère vers sa Sicile natale où elle retourne dans son village isolé dans la montagne de l’arrière-pays, renouant avec son premier amour  …

Je tombe quelquefois sur des albums d’auteurs italiens et je suis souvent ravie de ces découvertes. Ici, c’est le club lecture spécial BD qui m’a permis de lire ce titre sélectionné pour les lectures communes. J’ai tout de suite été séduite par le graphisme (la couverture en est très représentative) : réalisme, finesse, douceur, modernité, ambiance monochrome variant dans les tons en fonction des chapitres qui correspondent à des lieux et des époques précis (on a du bleu gris, du jaune moutarde et du mauve violacé). J’ai trouvé les personnages superbes, très expressifs, bien reconnaissables, et les décors sont aussi très beaux, avec un dépaysement certain grâce à Venise et à la Sicile. Le récit est intimiste et pudique : à travers Mia, on découvre la vie d’une famille italienne avec ses problèmes et l’amour qui en lient les membres entre eux. Mais contrairement à ce qu’on pourrait s’imaginer, c’est une famille de petite taille : une grand-mère, un père, une fille et en marge, mais très proche, son meilleur ami, qu’on pourrait considérer comme le frère que Mia n’a jamais eu. On arrive dans leurs vies à un moment crucial : le lycée va se terminer et des choix de vie vont devoir être faits mais rien n’est simple car entre ce qu’on a envie de faire et ceux qu’on se sent coupables de laisser derrière soi, c’est compliqué et terriblement humain. Qui ne s’est pas retrouvé dans le même genre de questionnement à un moment ou à un autre ? Mais en plus de ce thème, il y a aussi celui de la maladie et les choix qu’on doit aussi faire à ce sujet. Les deux sujets se télescopent de façon intelligente et avec beaucoup d’émotion. C’est une lecture qui parle d’amour et de passion et que j’ai trouvée très touchante et très belle !