Le monde sans fin ---- Jancovici et Blain

Lors de l’été 2018, alors il a fui la chaleur de Paris pour des vacances en Normandie, Christophe Blain commence à se poser des questions sur la montée des températures pour les années à venir. Son frère lui suggère alors de regarder les conférences de Jean-Marc Jancovici, qui étudie l’évolution du climat et des émissions de CO2. Les deux hommes finissent par se rencontrer pour faire un album sur le réchauffement climatique et l’avenir de notre planète par rapport aux émissions de gaz à effet de serre. Ils abordent le problème de façon scientifique, avec la définition de l’énergie, les différentes façons que les hommes ont trouvé pour améliorer nos vies quotidiennes en fournissant cette énergie si précieuse et comment ces différents moyens de production ont aussi des effets délétères en réchauffant le climat et donc les conditions de vie des humains …

Qui n’a pas entendu parler de ce titre … peu, je pense car de mon côté, il semble qu’il était partout dans mon entourage ou dans le moindre site ou revue ou journal que je consultais. Je l’avais d’ailleurs noté dès sa parution mais compte tenu de l’engouement qu’il a suscité, ce n’est que maintenant que j’ai réussi à mettre la main dessus à la médiathèque. Si je ne suis pas très fan de la couverture à cause de sa couleur (qui a le mérite de la rendre bien repérable !), j’ai beaucoup apprécié le dessin qui prend ses aises, sans cases, se développant en petites vignettes libres comme en grandes représentations et qui permet de bien montrer les choses. Les couleurs choisies sont aussi variées et agréables, rendant l’ensemble vivant et les touches d’humour sont toujours bienvenues, surtout quand on aborde un sujet sérieux car cela rend la lecture ludique et sympathique tout en restant éducative. C’est avec le propos que j’ai eu un peu plus de mal. Ce n’est pas que je n’adhère pas à ce que les auteurs présentent (bon, c’est sûr, je n’adhère pas forcément à tout) mais c’est la façon de présenter les choses qui m’a parfois gênée. Tout d’abord, il n’y a aucune liste des sources et références donc aucun moyen de vérifier. En plus, certaines choses ne sont développées que partiellement, en laissant de côté ce qui ne va pas forcément dans le sens qu’on voudrait faire passer ou bien les comparaisons ne se font pas toujours à la même échelle ou avec des références manquantes (par exemple avancer un nombre de morts par rapport à un panel de personnes concernées par le problème d’un côté et avancer en comparaison un nombre de morts mais sans panel de personnes concernées par l’autre problème). Tous ces petites choses cumulées les unes aux autres m’ont quand même laissé une impression de parti-pris, un peu comme un policier menant une enquête à charge et oubliant donc, comme par hasard, tous les indices qui n’iraient pas dans son sens. Par exemple, il est évident que Jean-Marc Jancovici est pro-nucléaire (et parait un peu naïf quand il parle des retombées de l’accident de Tchernobyl et sa confiance dans le rapport d’un groupe d’études à ce sujet) ! Ses explications se contredisent par moments à quelques pages d’intervalle. Il y a pourtant beaucoup de choses qui sont bien ancrées dans la réalité et déjà prouvées mais du coup, elles paraissent moins crédibles. Pour un ouvrage qui veut dénoncer la manipulation des élites, technocrates, pouvoirs publics et autres organismes ayant des intérêts financiers dans le domaine de l’énergie, je ne trouve pas très honnête de faire un peu la même chose avec l’album dont plusieurs affirmations paraissent péremptoires et sans aucune source pour se justifier de façon solide et incontestable, semant ainsi le doute. Pourtant, les explications techniques sont souvent claires, aisées à comprendre grâce à des exemples ou des métaphores et ne manquent pas de cet humour si nécessaire pour faire passer les choses qu’on trouverait indigestes autrement. Cela se laisse donc lire facilement, on peut y apprendre plein de choses, surtout si on creuse ensuite plus le sujet, et surtout, cela a le mérite de secouer le cocotier en permettant à un maximum de gens d’aborder le problème du réchauffement climatique et de provoquer la réflexion sur ce qu’on veut pour l’avenir de la planète et peut-être enfin des décisions efficaces prises en haut lieu.

Comments

[Sandrine]

Bizarrement, pas lu non plus, alors que j'écoute et lis bien d'autres choses sur/de Jancovici. Le nucléaire est évidemment le gros problème avec lui, ça passe mal. Je te conseille le rapport du shift project sur le sujet.