La locataire ---- Hilary Mantel
Dans l'Angleterre des années 1980, Muriel Axon vient juste de sortir de l'institution spécialisée où elle avait été internée après la mort plus ou moins accidentelle de sa mère. Elle entend bien récupérer la maison familiale qui a été vendue aux Sidney, famille dysfonctionnelle au possible. Elle veut aussi se venger de ceux qu'elle considère comme les responsables de ses malheurs. Pour cela, Muriel a plus d'un tour dans son sac et elle sait observer les gens pour mieux les imiter. C'est donc déguisée en femme de ménage qu'elle va infiltrer la maison convoitée, mais c'est aussi en aide-soignante dans un hôpital qu'elle va renouer avec les personnes de son passé …
L'originalité de l'histoire et la mention de l'humour noir sur la 4ème de couverture m'ont décidée à emprunter ce livre à la biblio sans en savoir plus, à part de trouver l'image de couverture particulièrement étrange et inquiétante. Tout d'abord, ce livre est paru en 1986 et hormis quelques allusions à certains évènements de l'époque (comme la grève des mineurs anglais), l'ensemble reste assez intemporel et pourrait se passer de nos jours. Le personnage de Muriel est vraiment effrayant, ses raisonnements donnant souvent froid dans le dos tout en restant cohérents malgré ses délires et on apprend petit à petit ce qui s'est passé avant son internement en asile psychiatrique. Mais ce que j'ai préféré, c'est la description des Sidney, une famille assez bourgeoise truffée de problèmes mais somme toute banale et pouvant ressembler à bien d'autres familles. L'humour grinçant typiquement anglais est effectivement présent mais voisine très souvent avec un malaise ambiant. Les différents personnages se croisent, les histoires se relient avec Muriel influençant de façon perverse les gens qu'elle côtoie quotidiennement, faisant ressortir leurs névroses et leurs instabilités. J'avoue que j'ai été impressionnée par la précision de la construction de l'histoire et la psychologie des personnages, à voir tous les fils se rejoindre pour un final pour le moins surprenant, qui m'a laissée perplexe et frustrée mais qui reste, avec sa violence sous-jacente, dans la lignée du roman.