Simone Veil, l'immortelle ---- Bresson et Duphot

Le 24 novembre 1974, Simone Veil, ministre de la santé du gouvernement du président Valery Giscard d’Estain, doit faire un discours devant les députés pour légaliser l’avortement. Elle sait qu’elle a beaucoup de gens à convaincre, que de nombreux députés, ainsi que beaucoup de Français, ne comprennent pas l’utilité d’une telle loi, alors que de nombreuses femmes se voient obligées d’avorter en secret, en France ou dans des pays voisins quand elles ont suffisamment d’argent. Mais devant l’opposition à son projet de loi, Simone Veil reste convaincue de mener ce combat jusqu’au bout. Il faut dire qu’elle connaît l’adversité, qu’elle a une droiture et un courage qui forcent l’admiration et qu’elle a forgé toute jeune, alors qu’elle n’était qu’une adolescente juive vivant en famille à Nice avant d’être arrêtée par les Allemands en mars 1944 …

Ce récit biographique ne m’attirait pas forcément car lors de la mort de cette grande dame, beaucoup avait été dit et j’avais la sensation que j’avais peu à découvrir et à apprendre en lisant cet album. Mais comme il était dans la sélection de mon club lecture spécial BD, j’ai quand même fini par m’y plonger dedans. Tout d’abord, c’est le dessin qui m’a frappée : très simple, voire même un peu stylisé tout en restant réaliste car on reconnaît les différents protagonistes, avec de grands aplats de couleurs, aux tons différents en fonction des époques (bleu pour novembre 1974, jaune pour sa vie à Nice, gris pour sa vie dans les camps de concentration par exemple). Cette simplicité est très agréable et j’ai trouvé qu’elle allait à merveille avec la vision que j’ai de cette dame. Ensuite, on est forcément interpellé par le rythme de la narration : on commence à un moment important de sa carrière, quand elle va prononcer son fameux discours devant les députés et on reconstitue peu à peu sa vie à travers des flashbacks plus ou moins lointains : son enfance et adolescence à Nice, sa déportation en camp, sa motivation pour rédiger la loi qui deviendra la loi Veil, sa préparation du discours ainsi que le discours lui-même et ses « résultats », son voyage à Auschwitz-Birkenau en 2004 jusqu’à son enterrement en 2017. Bien sûr, seuls les moments importants sont abordés, les plus connus, mais les auteurs se sont focalisés sur la grande dame qu’elle était, son humanité, son besoin de changer le quotidien de celles qui souffrent et j’ai finalement trouvé cette lecture intéressante, même s’il n’y a rien eu de surprenant ni d’inédit (quoi que peut-être parfois un peu longue au moment du discours, un peu avant et pendant celui-ci) et il m’a semblé que c’était un bel hommage qui restera pour les générations futures.

Les avis de Canel et Aproposdelivres.