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20 avril 2019

Algériennes 1954-1962 ---- Meralli et Deloupy

Algeriennes19541962Béatrice, une jeune femme, se pose beaucoup de questions sur la guerre d’Algérie depuis qu’elle a appris que son père y avait été envoyé pour deux ans en tant qu’appelé de l’Armée française. Mais celui-ci ne veut rien lui dire à ce sujet. Béatrice décide alors de mener sa propre enquête : c’est sa propre mère, qui avait survécu à un attentat à Alger lors d’une visite à son mari en permission, qui lui dit d’aller voir Saïda, une Algérienne fille de Harki, qui va lui raconter les conditions de vie de familles considérées comme des traitres à la patrie algérienne. Mais à l’occasion d’un voyage en Algérie, elle va ensuite rencontrer Djamila, qui, elle, s’est impliquée dans la résistance contre les Français …

Voilà un album qui parle de la guerre d’Algérie vue à travers les femmes, qui y ont été impliquées de façon plus ou moins profonde. Plutôt que d’aborder le récit de façon classique, les auteurs ont préféré l’aborder de façon fictionnelle et rétroactive, tout en s’appuyant sur des documents et des témoignages réels. On découvre donc Béatrice, qui découvre que son père a « vécu » cette guerre en tant qu’appelé envoyé sur place. Il refuse d’en parler et pour avoir été moi aussi en contact avec plusieurs personnes dans le même cas, je sais qu’il est effectivement très difficile de les faire parler de ce sujet. Le cheminement logique sera donc d’obtenir des informations via les femmes appartenant à divers groupes : la fille de Harki qui a quitté son pays pour la France pour survivre lors de l’indépendance du pays, la résistante qui a mené diverses opérations contre les Français, une pied-noir qui se considère l’Algérie comme son pays et ne veut pas en partir, une jeune Algérienne infirmière résistante qui va être capturée par l’Armée française. Il me semble que tous les groupes ont été abordés, toujours de façon relativement neutres, sans porter de jugement. Les faits et les sentiments des protagonistes sont décrits mais montrent surtout les raisons de leur implication dans un camp ou dans l’autre. Certains témoignages sont violents et prennent aux tripes et montrent les dures réalités des conflits quels qu’ils soient. Le dessin est sobre, réaliste et précis sans être trop touffu. Les couleurs sont souvent lumineuses car on parle d’un pays où le soleil est souvent présent et même les scènes de nuit sont assez claires. Les auteurs ont aussi opté pour des tons sépia ou gris pour la narration des flashbacks, ce qui permet, je trouve, de bien se retrouver dans l’histoire. Même si quelques grandes dates ou quelques évènements marquants sont abordés ici, l’album se concentre en majorité les femmes, que l’on voit impliquées de façon non négligeable dans ce conflit. C’est ce que j’ai apprécié dans cette lecture : on y découvre un récit historique mais surtout humain qui montre tous les sentiments et les motivations qui animent les protagonistes et qui prouve aussi que la guerre, si elle est souvent initiée par les hommes, concerne aussi de près les femmes, qu’elles la subissent ou décident d’agir.

L'avis de Canel.

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