Halifax mon chagrin ---- Quella-Guyot et Regnauld

Dans la nuit du 14 au 15 avril 1912, le Titanic heurte un iceberg et coule, entrainant la mort d’une grande partie de l’équipage et de nombreux passagers. La White Star Line affrête alors plusieurs navires pour aller récupérer les corps et parmi eux, il y a le Mackay-Bennett qui, partant du port d’Halifax, met une semaine pour arriver sur la zone du naufrage à plus de 800 kms des côtes. A bord, en plus de l’équipage habituel, il y a Roy Collins, un entrepreneur de pompes funèbres d’origine amérindienne, qui a monté rapidement une équipe spécialisée composée d’un croque-mort, d’un embaumeur, de menuisiers pour fabriquer des cercueils, d’un glacier pour maintenir les corps au frais, d’un médecin et d’un révérend. Mais l’opération ne se passe pas comme les hommes l’auraient voulu. Cinq ans plus tard, à l’automne 1917, une série de meurtres étranges secouent Halifax, les victimes étant toutes connues de Roy Collins …

J’avoue que j’ai emprunté cet album à la bibliothèque parce que j’aimais bien le titre et que le graphisme me plaisait aussi. Je n’avais donc aucune idée du sujet vu que je lis quasiment jamais les quatrièmes de couvertures des bandes dessinées. J’ai été agréablement surprise de découvrir un épisode méconnu du naufrage du Titanic : celui du repêchage des corps et comment cette opération a été organisée (Roy Collins est un personnage imaginaire bien sûr). J’ai depuis découvert que des journaux français en avaient parlé il y a quelques années mais je n’avais manifestement pas vus ces articles. Mais cet album ne s’arrête pas à cet événement, qui n’est que le point de départ d’une série de meurtres entrainant une enquête policière à Halifax en 1917. Le coupable est assez aisément « devinable » mais ses motivations restent floues un certain temps et le récit se termine sur un coup de théâtre inattendu, original et bienvenu ! Le graphisme moderne et anguleux, favorisant les tons froids, soigné dans les détails et les décors, m’a paru très agréable et les personnages sont bien différenciés (à une époque où pourtant, la barbe et la moustache n’aidaient pas vraiment !) et expressifs. L’ambiance de l’ensemble est un peu lourde (je ne peux pas dire angoissante car ce serait quand même pousser un peu !) malgré quelques moments plus légers et les auteurs ont aussi profité pour aborder la condition des Amérindiens et les préjugés de la société de l’époque (le flic raciste est particulièrement bien énervant !). Une excellente découverte ... merci le hasard d’avoir mis cet album sur mon chemin !